NUISANCES. Le 28 juin dernier, la Métropole du Grand Paris a approuvé ses Cartes stratégiques du bruit et a lancé l'élaboration de son Plan de prévention du bruit dans l'environnement. Une batterie de mesures renforçant la lutte contre ces nuisances, qui touchent près d'un million de Franciliens, et perturbent le sommeil de 500.000 autres.

C'est une bataille plus discrète, et pourtant. Depuis le 1er janvier dernier, les compétences de la Métropole du Grand Paris (MGP) ont été étendues à la lutte contre les nuisances sonores : ainsi, la collectivité est devenue l'une des 47 autorités françaises en mesure d'élaborer des Cartes stratégiques de bruit (CSB) ainsi que des Plans de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE). Cela s'est concrétisé le 28 juin dernier, lors du conseil métropolitain de la structure, où les CSB ont été approuvées (après avoir été réalisées par Bruitparif), et l'élaboration du PPBE, lancée. Durant cette réunion, le président de la MGP, Patrick Ollier, a rappelé que la "métropole entend s'emparer pleinement de cette compétence, car la protection de l'environnement sonore participe à la qualité de vie de ses habitants, ainsi qu'à son attractivité et à son rayonnement".

 

78% des habitants de la métropole se déclarent préoccupés par le bruit

 

Comment la MGP va-t-elle s'y prendre ? Elle devrait s'appuyer sur le diagnostic établi par Bruitparif, le centre régional d'évaluation technique de l'environnement sonore. Ce dernier a eu recours à la méthodologie préconisée par l'Organisation mondiale de la santé : un diagnostic des impacts sanitaires des bruits (et de leurs cumuls) liés aux transports routier, ferroviaire et aérien a été réalisé sur l'ensemble du territoire métropolitain, avec comme échelle un système de mailles de 500 mètres de côté. Les résultats sont sans appel : près d'un million de personnes, sur 7 millions au total, seraient "hautement gênées" par le bruit des transports, et le sommeil d'environ 500.000 Franciliens, soit 7,3% de la population métropolitaine, serait "très perturbé".

 

Didier Gonzales, président de Bruitparif, commente : "Ce diagnostic rend lisible et objective une nuisance vivement ressentie par la population de la métropole, puisque 78% de ses habitants se déclarent préoccupés par le bruit. Ses impacts sont devenus un vrai problème de santé publique : troubles du sommeil, risques cardiovasculaires accrus, gêne, stress, fatigue… Le bilan établi par Bruitparif montre que plus de 15% de la population métropolitaine vit dans une zone où le bruit excède les valeurs limites réglementaires". Selon les chiffres avancés par la MGP dans un communiqué, une telle situation aurait pour conséquence de faire perdre 8 mois d'espérance de vie aux habitants les plus exposés. Et les contrastes peuvent être très significatifs au sein d'un même territoire, puisque cette moyenne peut grimper jusqu'à 19 mois selon les communes.

 

250 zones à traiter en priorité

 

 

Quoi qu'il en soit, les travaux menés conjointement par la MGP et Bruitparif ont permis d'identifier "250 mailles à enjeux prioritaires en termes d'exposition des populations et d'impact social du bruit", autrement dit 250 zones sur lesquelles la lutte contre les nuisances sonores doit se concentrer. La plupart de ces mailles se localisent autour des grandes infrastructures routières, comme le boulevard périphérique, les autoroutes A4, A6, A1, A3, A13, ou les routes RN13, RN6, RD910, RD907… Les autres moyens de transports sont toutefois également responsables de nuisances, à l'instar de certains faisceaux ferroviaires et de secteurs survolés par des avions comme au nord du T6 (Plaine Commune) ou au sud-est du T12 (Grand Orly Seine-Bièvre), les nuisances aéroportuaires s'ajoutant alors aux bruits de la route et du rail.

 

Dans les faits, les communes d'Ablon-sur-Seine, de Villeneuve-le-Roi ou de Villeneuve-Saint-Georges (toutes trois dans le Val-de-Marne) seraient les plus rudement touchées par les impacts sanitaires du bruit. Jacques-Alain Benisti, conseiller métropolitain en charge du dossier, précise que la MGP "invite l'ensemble des collectivités et des gestionnaires de transports à poursuivre le travail, selon une dynamique collective et concertée, pour élaborer d'ici la fin de l'année 2018 un plan d'actions métropolitain à la hauteur des enjeux".

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