GRAND PROJET. Le 18 septembre, à Bonneuil-en-France, a eu lieu le baptême du premier tunnelier qui s'élancera sur le parcours de la future ligne 17. Ce sera aussi le 20e à entrer en action sur l'ensemble du réseau.
Elle a déposé sa candidature il y a un an et demi, alors qu'elle travaillait encore sur le projet de la ligne 17 du Grand Paris Express. Si après 5 ans, elle a rejoint une autre direction au sein de la Société du Grand Paris (SGP) - elle est désormais directrice adjointe de projet sur la ligne 15 ouest -, c'est donc cette "raison de cœur" qui l'a incitée à candidater pour donner son nom au premier tunnelier qui s'élancera sur cette ligne.
Mais il y a d'autres raisons : l'une, liée à son parcours professionnel, "au travail et à la passion du monde souterrain, à l'engagement de tous" qu'elle a observés ; l'autre liée au fait qu'elle est "une femme ingénieur pour qui le choix des travaux publics a toujours été clairement affirmé, presque une évidence, même si la route a été sinueuse, parfois pentue", a-t-elle expliqué.
Message envoyé aux femmes et aux jeunes
Ce 18 septembre 2020, à Bonneuil-en-France, c'est donc elle, Florence Coquand qui est devenue la marraine et a donné son nom au premier tunnelier qui s'élancera prochainement sur le parcours de la ligne 17. Pour la SGP, c'est une façon de valoriser ses collaborateurs. Dans un secteur encore très masculin, Thierry Dallard, président du directoire, insiste sur la parité qui existe au sein du maître d'ouvrage. "Il y a même parfois davantage de femmes autour de la table que d'hommes", assure-t-il.
"C'est important d'avoir une marraine issue de nos rangs, et nous le ferons sur chaque ligne. Nous sommes présents sur les territoires pendant plusieurs années et sommes une vitrine pour les jeunes femmes et les jeunes hommes, nous devons être capables de donner envie de nous rejoindre, de faire carrière dans ces métiers. Cela fait aussi partie de notre rôle", estime-t-il. Florence Coquand a d'ailleurs un message pour les jeunes femmes "qui hésitent à rejoindre ces métiers. Ayez confiance en vous, soyez différentes, car c'est cette différence qui fait votre force".
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Le tunnelier des premières
Ce tunnelier cumule plusieurs particularités. C'est notamment le 20e tunnelier à entrer en action sur le Grand Paris Express, si bien que "nous ne sommes pas loin du record mondial, qui sera sans doute dépassé l'an prochain, du nombre de tunnelier creusant en même temps sur un territoire", explique Thierry Dallard. C'est aussi le signe que "ça y est, nous passons à l'acte. C'est important surtout sur un grand projet qui a connu de nombreuses vicissitudes au cours des dernières années".
Par ailleurs, il s'agit en quelque sorte d'un "tunnelier des premières". Outre le fait d'être le premier de la ligne 17, il est aussi le tout premier de l'histoire du département du Val d'Oise. C'est aussi la première fois sur le Grand Paris Express qu'un tunnelier est monté "à l'air libre", et non au fond du puits, ce qui permet au moment de ce baptême de le voir et "d'en mesurer les dimensions et la complexité", estime le président du directoire. Après son assemblage en surface donc, il sera descendu au fond du puits, en trois blocs, à l'aide d'un portique.
De plus, comme le souligne Georges Azar, directeur de projet de la ligne 17-1 pour Demathieu Bard (mandataire du groupement Avenir), "ce tunnelier est aussi la première machine qui a tracé un tronçon du tunnel de la ligne 15 sud", sur le lot T2C, et c'était même le tout premier à entrer en action sur le Grand Paris Express. Car en effet, il s'agit de Steffie Orbival, qui a parcouru 2,2km entre Champigny-sur-Marne et Villiers-sur-Marne.
Premier tronçon en 2024
Rebaptisé Florence donc, il devra cette fois creuser 3,4km entre le puits Flandre, à Bonneuil, et l'ouvrage Rolland, au Bourget. Pour rappel, la ligne 17 reliera Saint-Denis-Pleyel au Mesnil-Amelot, en passant par Le Bourget, le Triangle de Gonesse et Roissy. "Nous avons toujours l'intention de livrer le premier tronçon [jusqu'à l'aéroport du Bourget, NDLR] en 2024", explique Thierry Dallard, qui prend bien garde à ne pas parler des Jeux Olympiques cependant… Le deuxième tronçon, lui, est espéré pour 2028. "Rien n'est remis en cause, le projet continue", insiste-t-il.
Ce qui vaut plus largement pour l'ensemble du Grand Paris Express. Pour le président du directoire, ce nouveau baptême "démontre que, malgré la période troublée, qui n'est pas encore terminée, nous continuons à avancer. La pandémie a perturbé les plannings, mais nous restons motivés". La preuve : la SGP continue à recruter, "le confinement ne nous a pas ralentis sur ce point". Elle en est à mi-parcours sur son objectif de 800 recrutements d'ici à 2022. Il en reste donc 400 à réaliser.