Eric Besson, ministre de l'Industrie, a confirmé, comme prévu, la généralisation du compteur « intelligent » expérimenté depuis un an par ErDF. Ce sont quelque 35 millions d'appareils aussi appelés « communicants » qui seront installés en France à partir de 2013 et jusqu'en 2018.
« Je vais tout de suite lever le suspense qui n'est d'ailleurs qu'un faux suspense : le gouvernement a décidé la généralisation du compteur Linky qu'a expérimenté avec succès ErDF pendant un an ». Voilà la déclaration faite ce mercredi par le ministre de l'Industrie Eric Besson, lors d'une conférence de presse, qui vient mettre un terme à l'affaire de ces compteurs « intelligents ».
En test depuis donc un an chez quelque 300.000 clients en Touraine et à Lyon, Linky arrivera dès 2013 dans 35 millions de foyers français, au rythme de 7 millions d'appareils chaque année. Objectif : permettre la relève de la consommation d'électricité à distance et en temps réel. Linky devrait ainsi remplacer les boîtiers actuels d'ici à 2018 et permettre au gestionnaire de facturer les dépenses réelles et non plus des estimations. Ce chantier (fabrication et installation), estimé à 4.3 milliards d'euros, devrait être entièrement financé par ErDF, filiale d'EDF en charge du réseau de distribution d'électricité, qui devrait régler la totalité des « surcoûts » liés à Linky, et ce à la demande du gouvernement. « Mais la pose comme son utilisation seront gratuites pour les consommateurs », a insisté le ministre, pour contrer les nombreuses polémiques autour du financement de ce projet. Une information confirmée par la présidente d'ErDF, Michèle Bellon, présente à la conférence de presse, qui affirme d'autre part qu'il y aura une création nette de 10.000 emplois sur 7 ans, grâce à la fabrication et à la pose de ces compteurs Linky. Et de préciser toutefois que la question du financement n'est pas totalement bouclée…
Gratuit ou pas ?
Cependant, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui représente les collectivités concédantes, parle, elle, d'un chantier à 8 à 9 milliards d'euros. Cette dernière craint que « le remboursement de l'emprunt [contracté par ErDF pour financer le projet, ndlr] sera adossé (…) aux recettes du TURPE (tarif d'utilisation de réseau public d'électricité), payé par le consommateur », relate l'AFP. Même inquiétude du côté de la CLCV qui, dans un communiqué, rappelle qu'elle restera « vigilante » sur l'évolution de ce TURPE. Quant à l'Association des responsables de copropriétés (ARC), elle s'oppose également au fait que les abonnés aient à supporter le coût des compteurs et permettent la réalisation de gains de productivité substantiels pour ErDF en économisant sur le personnel chargé des relevés.
Outre la gratuité de la pose, le gouvernement a exigé des industriels une offre gratuite de services « suffisamment étoffée » pour permettre de suivre sa consommation, a précisé Eric Besson, cité par l'AFP. Même si, par la suite, d'autres services payants à la carte pourraient se développer pour compléter cette offre. Vigilance encore des associations de consommateurs, qui rappelle qu'en effet, lors de la phase d'expérimentation, EDF avait fait payer 3.5 € par mois à des abonnés à qui on avait imposé les tests de ce compteur. Le ministère avait alors justifié ce surcoût par le fait que, pour les consommateurs, cela « correspondait à un service supplémentaire et facultatif proposé par EDF », qui permet d'accéder à « un espace personnel et sécurisé via Internet ». Un point repris par la CLCV qui met en cause, entre autres, le « tout Internet » qui « met à l'écart une large part de la population ». Pour sa part, l'UFC-Que Choisir parle d'une « décision hâtive », notant que les objectifs des tests en Touraine et à Lyon n'avaient pas été atteints, que le planning des poses n'avait pas été tenu ou encore que des défaillances avaient été relevées ne permettant pas, au final, au client de réduire sa facture.
Des efforts en matière de communication et d'information doivent être faits, selon les associations de consommateurs, pour qui la bataille n'est pas finie. Même si, à chaque jour suffit sa peine, l'AFP prédit qu'après l'électricité, viendra le tour du gaz. « A terme, GrDF, filiale de GDF Suez gérant la distribution du gaz naturel en France, pourrait remplacer les 11.5 millions de compteurs gaz de l'Hexagone. »