RENOUVELABLES. Propriété de l'entreprise lyonnaise Carbon, le futur site emploiera plus de 3.000 personnes et assurera une production d'électricité d'origine solaire de 5 gigawatts. L'usine devrait sortir de terre d'ici 2025.
Le port de Marseille-Fos-sur-Mer accueillera bientôt une nouvelle installation résolument tournée vers la transition énergétique. Une "giga-usine" de panneaux photovoltaïques devrait en effet sortir de terre d'ici 2025, avec à la clé plus de 3.000 emplois directs et une production d'électricité d'origine solaire de 5 gigawatts (GW). D'après l'Agence France Presse, le futur site bucco-rhodanien deviendrait ainsi le plus important du genre en Europe.
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C'est l'entreprise Carbon, porteuse du projet, qui a annoncé l'implantation de l'usine ce 3 mars 2023. Créée il y a tout juste un an, cette jeune pousse basée à Lyon ambitionne de produire et de commercialiser à grande échelle les composants nécessaires à la fabrication des panneaux solaires, à savoir les plaquettes de silicium et les cellules photovoltaïques, ainsi que les panneaux eux-mêmes.
Souveraineté industrielle
Dans un contexte de crise énergétique et de transition écologique, le sujet brasse des enjeux de souveraineté industrielle : le polysilicium utilisé pour concevoir les cellules est aujourd'hui produit à 80% par la Chine. Mais l'usine de Fos-sur-Mer se distinguera en important son polysilicium d'Europe. Pierre-Emmanuel Martin, le président de Carbon, considère qu'il s'agit de la "réponse française" à la question de savoir "comment sortir de la dépendance à la Chine sur les panneaux solaires, et demain à l'Inde et aux États-Unis".
Le marché du photovoltaïque est actuellement dominé à 70% par six acteurs chinois. Alors que "le solaire est un marché en pleine expansion", particulièrement en Europe, cette énergie constituera "une des briques essentielles du futur énergétique mondial", selon le dirigeant.
L'implantation exacte de l'usine Carbon sur le grand port maritime de Marseille (GPMM) n'a pas encore été arrêtée, mais ses installations s'étendront sur 60 hectares et permettront de produire chaque année 5 GW de cellules photovoltaïques et 3,5 GW de modules (autrement dit, les panneaux).
Le projet représente un investissement total de 1,5 milliard d'euros, dont 120 à 140 millions font en ce moment l'objet d'une levée de fonds. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), Renaud Muselier, a indiqué que sa collectivité contribuera à hauteur de 70 millions d'euros au projet.
"Cette fabrication de panneaux photovoltaïques qui va du lingot (de silicium) jusqu'au module, c'est un processus intégré global qui n'existe pas aujourd'hui en Europe", a souligné Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance du GPMM, y voyant un "outil de reconquête de souveraineté nationale et européenne".
Proximité de la Méditerranée
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L'usine, dont le fonctionnement sera entièrement électrique, vise en outre "à trouver sa place dans une politique globale de décarbonation" comme celle menée par le port de Marseille-Fos, a-t-il ajouté. Ce dernier a d'ailleurs été préféré à deux autres sites d'implantation, dans les Hauts-de-France et dans le Grand Est, en raison de ses connexions à la fois maritimes, fluviales, ferroviaires et routières. Le GPMM a aussi fait valoir son bassin d'emploi attractif, qui bénéficie d'une offre de formation importante.
"Avec 30.000 conteneurs par an de flux" générés par la future usine, "pour le port, ce sont des perspectives d'emplois et d'activité particulièrement importantes", s'est réjoui Christophe Castaner, en rappelant que jusqu'à 3.500 emplois directs pourraient être créés par le projet. Enfin, la proximité de la Méditerranée a également joué dans la décision, selon Pierre-Emmanuel Martin : "L'Afrique du Nord, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, ce sont des marchés extrêmement dynamiques où l'énergie solaire sera la composante essentielle du futur énergétique", a-t-il affirmé.