EN IMAGES. Au Japon, l'Exposition universelle 2025, organisée à Osaka, fait la part belle à l'innovation architecturale. Plusieurs agences internationales ont été mobilisées pour concevoir des pavillons sculpturaux.
Cinquante-cinq ans après un premier événement à Osaka, l'Exposition universelle fait son grand retour dans cette ville japonaise. L'édition 2025, tenue sur l'île de Yumeshima jusqu'au 13 octobre, a pour thème "Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain", en se focalisant sur l'intelligence artificielle (IA) et le spatial. L'événement international promeut les savoir-faire, innovations scientifiques, industrielles et technologiques des nations.
Au total, 160 pays et régions sont représentés cette année, et accueillent les visiteurs (28 millions sont attendus) dans leur pavillon dédié. Ces bâtiments sont l'occasion pour les pays participants de présenter leurs cultures et technologies à travers des architectures grandioses. Environ 80 pavillons ont ainsi été construits pour l'occasion, par des agences d'architecture de renommée mondiale.
Un anneau de 2 km
Imaginé par le Japonais Sou Fujimoto, qui a pensé le plan directeur de l'Expo, un gigantesque anneau en bois d'environ 2 kilomètres de circonférence et 20 mètres de hauteur, symbole de l'événement, encercle les pavillons nationaux.
Un toit végétalisé et légèrement incliné, lieu propice à la promenade et protégeant la foule des aléas climatiques, est soutenu par des grandes poutres. Sa réalisation a été chiffrée à 211 millions d'euros. Le Guinness des records l'a reconnu comme la plus grande structure en bois au monde. Seulement 12,5% de cette structure devrait être réutilisée après l'Expo, d'après le quotidien japonais Yomiuri Shimbun.
L'amour comme thématique française
Le pavillon français a été conçu comme un "hymne à l'amour" par l'agence Coldefy & Associés architectes urbanistes et le cabinet CRA-Carlo Ratti Associati. Sa réalisation a coûté 58 millions d'euros. Enveloppé d'immenses drapés blancs, l'édifice végétalisé fait la part belle à la culture française en abritant, sur 1.560m², une gargouille de Notre-Dame de Paris, des statues de Rodin mais aussi des expositions dédiées aux maisons de luxe et aux vins alsaciens.

Le bâtiment à la toiture inclinée propose une architecture élégante, moderne et épurée. Il a été inauguré par le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, qui s'est félicité que le pavillon porte des valeurs "de multilatéralisme, de droit international et de paix".
Accolé à cet édifice, un pavillon tout aussi grand a été imaginé par l'agence d'architecture américaine Trahan pour les États-Unis. La conception de ce site repose sur deux structures triangulaires qui se déploient comme des ailes et s'articulent autour d'un cube translucide.

Dans la même zone, le pavillon d'Ouzbékistan impressionne avec son ensemble de colonnes en bois, conçu par l'agence allemande Atelier Brückner. Le cabinet d'architecture s'est inspiré d'anciens abris situés le long de la route de la soie pour dessiner cet édifice de deux étages, dont la base est en briques et les étages en bois.
Le bois à l'honneur
La conception du pavillon du Japon a, elle, été confiée à l'agence Nikken Sekkei. Celle-ci a imaginé un bâtiment circulaire composé de panneaux de bois lamellé-collé (CLT). "L'utilisation du bois symbolise le cycle de la vie et l'économie circulaire. Parmi les différentes technologies, le CLT offre un système novateur qui améliore le potentiel d'utilisation du bois en transformant des grumes de petit diamètre en fines lamelles, qui sont ensuite empilées pour créer de grands panneaux.", indique Nikken Sekkei dans un communiqué. Une partie des panneaux CLT seront démontés après l'Exposition, où ils seront réutilisés dans d'autres projets architecturaux.

Du bois a également été mis en œuvre par l'agence française Lina Ghotmeh Architecture pour le pavillon Bahreïn, de 998 m². Cette réalisation de près de 17 mètres de haut, au toit incurvé, ressemble à un boutre, un navire traditionnel arabe. Du cèdre japonais a été utilisé pour concevoir cette structure de quatre étages. Une façade quadrillée translucide évoque les voiles d'un bateau. La ventilation naturelle a été privilégiée.

Le Qatar a travaillé avec le cabinet japonais Kengo Kuma pour son pavillon, doté d'une structure en bois enveloppé d'un tissu blanc tendu. Il fait lui aussi référence aux boutres traditionnels, et rend hommage à la menuiserie nippone.
De nombreux matériaux déployés
Un autre pays du Golfe persique a fait appel à un cabinet d'architecture de renom. Foster + Partners a pensé le pavillon Arabie saoudite, réalisé avec des pierres locales et composé d'un ensemble de constructions angulaires reliées par des passages semblables à des rues. L'objectif est d'imiter les villages traditionnels de ce pays. Le pavillon a été conçu pour être démontable, avec une structure modulaire légère réutilisable. Une ossature en acier et des dalles de béton préfabriquées ont été choisies.

L'architecte japonais Shigeru Ban a, de son côté, travaillé au pavillon Ocean Dome, commandé par l'organisation à but non-lucratif Zero Emissions Research and Initiatives. Cet édifice constitué de trois dômes, un en tubes de papier, l'autre en bambou et le troisième en polymère renforcé de fibres de carbone, vise à mettre en avant l'importance des océans pour la planète et la façon dont ils sont pollués par l'activité humaine.
Le pavillon Suisse est tout aussi original, avec ses structures sphériques légères, pneumatiques et emboîtables qui descendent en cascade le long de la façade de la construction. L'ensemble, en PVC et ETFE, soutenu par une structure en acier, a été pensé par le cabinet suisse-allemand Manuel Herz Architects, qui voulait rappeler les pavillons de l'édition de 1970 d'Osaka.
Ces bâtiments "offraient des conceptions audacieuses, optimistes et joyeuses, ressemblant à des vaisseaux spatiaux ou des monstres extraterrestres. Les conceptions semblaient exprimer la conviction que l'architecture peut être utilisée pour l'exploration et l'amélioration de la société. Avec notre propre bâtiment pour 2025, nous souhaitions nous connecter à cet esprit optimiste et audacieux d'Osaka 1970", affirme l'agence dans un communiqué.

Un contexte géopolitique tendu
Depuis la première Exposition universelle organisée à Londres en 1851, de nombreuses se sont succédées à travers le monde, la dernière étant celle de Dubaï, à laquelle Batiactu s'était rendu.
L'édition 2025 se déroule dans un contexte international tendu, marqué par plusieurs conflits dans le monde (Ukraine, Palestine, Soudan, République démocratique du Congo, etc.), des tensions économiques et une crise climatique. La Russie, en guerre depuis trois ans pour prendre le contrôle du territoire ukrainien, est notamment absente de l'événement.
L'empereur nippon Naruhito a déclaré, lors de la cérémonie d'inauguration le 12 avril, qu'il espérait que l'Exposition 2025 "offrira aux peuples du monde l'occasion de respecter non seulement leur propre vie, mais aussi l'existence des autres". Des propos soutenus le lendemain par le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, qui estime que l'événement peut aider à "restaurer un sentiment d'unité" dans le monde.
Selon plusieurs médias locaux, les Japonais, soucieux de l'inflation qui s'abat dans leur pays, semblent peu enclins à acheter un billet pour visiter l'Expo 2025. Seuls 8,7 millions de billets ont déjà été vendus, d'après l'AFP, et beaucoup ont été acquis par des entreprises. Par ailleurs, l'île artificielle qui accueille l'événement devrait être "rasée" après octobre pour laisser un complexe hôtelier et un casino s'installer dans la zone. Il faudra attendre 2030 pour assister à la prochaine édition de l'Exposition universelle, prévue à Riyad, en Arabie saoudite.
à lire aussi