Alors que le gouvernement semblait s'orienter vers l'annulation des autorisations délivrées pour l'exploitation du gaz de schiste, un rapport provisoire pourrait remettre en cause cette décision. Préconisant des travaux de recherche et des tests expérimentaux, la mission interministérielle évoque l'énorme potentiel français. De leur côté, les écologistes continuent de dénoncer les dégâts de ces forages pour l'environnement. Détails et réactions.
Nouveau rebondissement. Le pré-rapport d'une mission interministérielle sur l'exploitation du gaz de schiste dévoilé vendredi, vient bousculer les dernières prises de position du gouvernement. Alors que François Fillon avait annoncé le 13 avril son intention de tout «remettre à plat», et par conséquent, sa décision d'annuler les autorisations déjà délivrées, il se pourrait que les premières réflexions du rapport change la donne.
En effet, les experts n'hésitent pas à qualifier la France l'un des pays «les plus prometteurs au niveau européen». Avec 100 millions de m3 d'huiles techniquement exploitables dans le bassin parisien et 500 milliards de m3 de gaz dans le sud du pays, le territoire disposerait d'une réserve non négligeable d'hydrocarbures de roche-mère.
C'est pourquoi les analystes préconisent le lancement de travaux de recherches et de tests d'exploration. Objectif : estimer et évaluer la richesse potentielle des gisements.
Un encadrement de l'expérimentation
Disséminés dans la roche mère et non dans un «réservoir» comme c'est le cas des hydrocarbures conventionnels, les huiles et gaz de schistes nécessitent des forages horizontaux pour leur extraction. Ces derniers fracturent et cassent la roche à l'aide d'un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques. Un procédé pointé du doigt par les écologistes qui craignent une pollution des nappes phréatiques.
C'est justement dans un souci de maîtrise technique des risques, que la mission cite quatre conditions impératives avant toute exploration : une bonne connaissance de la géologie et de l'hydrologie locale, l'utilisation des meilleures technologies disponibles, un strict encadrement technique et juridique des travaux de recherches d'hydrocarbures et un contrôle de l'autorité en charge de la police des mines. Le rapport recommande que l'ensemble des actions mises en place, et notamment la réalisation des puits expérimentaux, soient surveillées par un comité scientifique national garant de la qualité et de la transparence des études. Celui-ci comprendra des experts du BRGM (Bureau de Recherche Géologique Minière), de l'l'IFPEN (Institut des énergies renouvelables), de l'INERIS (Institut nationale de l'environnement industriel des risques) et des universitaires.
A l'issue de cette phase d'expérimentation qui devrait durer entre deux et trois ans, il sera possible de prendre «des décisions rationnelles sur l'opportunité d'une exploitation de gaz et huiles de roche-mère en France», soulignent les experts.
Le débat ne fait donc que commencer, d'autant que cette source d'énergie est présentée comme une alternative à la dépendance du gaz et du pétrole.
Découvrez les premières réactions à ce rapport provisoire, en cliquant sur suivant.
Les hydrocarbures de roche-mère, plus couramment appelés gaz et huile de schiste, sont des hydrocarbures non conventionnels. Ils sont dispersés (absence d'accumulation) au sein d'une formation de roche non poreuse (en général un «shale» ou schiste argileux) qu'il faut fissurer pour extraire les huiles ou le gaz qui s'y trouvent.
Deux territoires détiendraient des hydrocarbures de roche-mère. Il s'agit du bassin parisien où la connaissance géologique est avancée, en particulier grâce aux nombreux forages pétroliers, et le sud-est où la connaissance de la géologie (plissements, formations karstiques) et des relations entre aquifères (failles mettant en relation des aquifères différents) est encore très imparfaite. Concernant la nature des hydrocarbures, on trouve des huiles dans le bassin parisien et du gaz dans le sud-est.
Sources : rapport provisoire