GOUVERNEMENT. C'est finalement François de Rugy qui reprendra le poste de Nicolas Hulot. Un remaniement a minima, qui ne change pas les contours du ministère. Tour d'horizon des dossiers en cours et des premières réactions.
Le président de la République a tranché : c'est François de Rugy, actuel président de l'Assemblée nationale, qui endossera le rôle de ministre d'Etat en charge de la Transition écologique et solidaire, en remplacement de Nicolas Hulot, démissionnaire. Une nomination qui met un terme aux nombreuses spéculations tant sur la personnalité - Pascal Canfin (WWF France), Daniel Cohn Bendit (ancien député européen), Laurence Tubiana (ambassadrice pour les négociations climatiques), Barbara Pompili et Sébastien Lecornu avaient été évoqués - que sur le titre exact. Car certaines sources évoquaient la création d'un super-ministère regroupant également une partie des attributions de la Cohésion des territoires. Mais finalement, il s'agira d'un remplacement poste pour poste.
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De la continuité dans la transition ?
Le nouveau ministre aura plusieurs dossiers difficiles à gérer dont celui de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), en cours de discussion. La place laissée respectivement au nucléaire et aux renouvelables pourrait être l'objet d'âpres négociations. L'avenir des énergies marines (éolien offshore, hydrolien) apparaît pour l'heure comme assombri. Du côté de l'hydroélectricité, la France a été mise en demeure d'ouvrir la concurrence des concessions, ce qui se ferait au détriment d'EDF. Pour les transports, François de Rugy aura pour mission de réduire les émissions de gaz à effet de serre au travers du projet de loi sur les Mobilités, qui doit être présenté à l'automne. Le texte comportera un volet sur les infrastructures (financements, rénovation, développement) et sur la pollution (véhicules électriques…). Au point de vue environnemental, le nouveau ministre finalisera l'inscription de sa préservation dans l'articler Premier de la Constitution, et sera chargé de mettre en œuvre le plan Biodiversité présenté par son prédécesseur au mois de juillet 2018. Une ambition de zéro artificialisation nette des sols avait été évoquée.
Les premières réactions sont rapidement tombées : Enerplan, le syndicat des professionnels du solaire, a salué cette nomination et appelé François de Rugy "à poursuivre la mobilisation pour faire de l'énergie solaire l'accélérateur de la transition énergétique". Le mouvement précise que Nicolas Hulot avait fait preuve de "détermination à faire progresser l'énergie solaire en France" et que son action était à la hauteur des acteurs de la filière, espérant donc que le nouveau ministre puisse prendre la suite avec autant de dynamisme. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a également publié un communiqué. Jean-Louis Bal, son président, écrit : "Nous sommes confiants et pensons que le nouveau ministre s'inscrira dans la ligne tracée par Nicolas Hulot, qui a rappelé que l'urgence climatique nous oblige à changer d'échelle dans le développement des énergies renouvelables". L'organisation professionnelle souligne "l'engagement de longue date de François de Rugy dans la défense de l'environnement" et "sa connaissance approfondie du secteur". Autre acteur des renouvelables, Olivier Perrot, président de France Energie Eolienne (FEE), réagit : "La filière éolienne a besoin de visibilité et stabilité pour assurer les objectifs énergétiques de la France et continuer à se développer. Ayons également des objectifs ambitieux en termes d'activité économique, de créations d'emplois et d'innovations ! Nous nous tenons à la disposition de François de Rugy pour démontrer au gouvernement la capacité de la filière éolienne française à mener la transition énergétique que la France souhaite exemplaire".
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Dans le monde politique, l'arrivée de François de Rugy au ministère de la Transition est accueillie avec plus de fraîcheur. Benoît Hamon (Génération.s), ancien rival de la primaire de gauche, évoque sur Twitter "la vieille politique et la veille écologie (...) qui n'ont pas entendu l'appel de Nicolas Hulot". Yannick Jadot (Europe-Ecologie Les Verts), dénonce un "membre éminent de la Macronie" et souhaite qu'il parvienne à résister aux lobbies, notamment nucléaire. Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise) déplore un ministre "des apparences écologiques", tandis qu'Olivier Faure (Parti socialiste) critique "un pitoyable jeu de chaises musicales pour recycler les ambitions des amis du président".
François Goullet de Rugy est né en décembre 1973 à Nantes (Loire-Atlantique). Député de la 1re circonscription de ce département depuis 2007, il a occupé deux fois le poste de co-président du groupe écologiste de l'Assemblée nationale entre 2012 et 2016, avant de devenir vice-président de l'hémicycle. Il rejoint le groupe socialiste et participe à la primaire de gauche au printemps de 2017 où il obtient 3,82 % des suffrages. François de Rugy choisit de ne pas soutenir Benoît Hamon et s'engage finalement auprès d'Emmanuel Macron. Devenu membre de La République en marche, il est élu président de l'Assemblée nationale en juin 2017. Interrogé sur sa ligne politique, l'intéressé répond être économiquement "plutôt libéral" et "assume une approche pragmatique". Opposé au projet de Notre-Dame-des-Landes, il appelle pourtant à reconnaître le résultat de la concertation citoyenne de juin 2016.