Alors que le rapport Ortega-Reinman sur les financements innovants de l'efficacité énergétique préconise la création d'un fonds national, Arnaud Berger, directeur du Développement durable à la BPCE propose une alternative. Il recommande pour sa part un financement local à travers les outils d'épargne et de garantie.
Pour Arnaud Berger, le rôle de la banque et de la comptabilité est essentiel dans la croissance verte. Sur la question du financement de l'immobilier durable, deux écoles s'affrontent. D'un côté, les partisans de la création d'un fonds national pour l'efficacité énergétique, suivant les lignes préconisées par le rapport Ortega-Reinman, remis à la mi-février, à savoir le développement de tiers financements et d'une entité publique privée s'appuyant sur les Contrats de Performance Energétique. De l'autre, ceux qui sont favorables à un mode de financement de la croissance verte à travers les outils d'épargne, de garantie et l'approche locale du marché carbone.
"Le levier financier est essentiel pour atteindre les objectifs dans un contexte de baisse des aides publiques", explique le directeur du Développement durable au groupe Banque Populaire-Caisses d'Epargne (BPCE). "L'action des banques coopératives et locales offre un regain d'intérêt alternatif aux instruments de marchés jusqu'ici promus par l'Europe". Arnaud Berger critique en effet l'option du fonds de financement, qui serait peu adapté à un marché encore peu rentable. "La rentabilité de ce marché sera intéressante dans 5 ans, mais les acteurs français n'en profiteront pas, contrairement aux acteurs étrangers, qui disposent de liquidités", explique le directeur du Développement durable. Car selon lui, tous les marchés de la croissance verte ont été successivement subtilisés aux PME par des grands groupes internationaux.
Les exemples du photovoltaïque et de l'éolien
"Pour le photovoltaïque par exemple, c'était à ses débuts un marché de PME et d'artisans. A l'arrivée des tarifs d'achat, le marché s'est emballé et des PME ont eu des velléités de devenir des entreprises de taille intermédiaire. Puis est arrivé le moratoire de 2010, avec deux mesures délétères qui ont fermé ce marché aux petites entreprises pour le livrer aux grands groupes. Une mesure administrative : les appels d'offres. Et une mesure financière : la demande de garantie d'achèvement des projets. Le marché 'insécurisé' est devenu trop compliqué pour les PME", raconte Arnaud Berger. Pour l'éolien, le cas de figure serait le même selon lui : "Les grands groupes ont évincé les PME grâce à deux autres mesures. Une administrative, la règle 'ICPE' et une financière. Et c'est ce qui se passera dans l'immobilier et l'efficacité énergétique".
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