Les professionnels de la filière bois ont rencontré mardi le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier. Au sortir de cette réunion, une première enveloppe de 5 millions d'euros a été dégagée pour répondre aux problèmes de première urgence. Toutefois, Dominique Juillot, président de France Bois Forêt, qui a mené les débats, a tenu à souligner l'importance d'intégrer ces mesures dans un plan de crise plus global et national de la filière. Explications.
Parer au plus urgent. C'était l'objectif de l'entrevue entre le ministre de l'Agriculture et les acteurs de la filière bois, qui s'est tenue mardi. Au sortir, quelque 5 millions d'euros ont été débloqués d'urgence pour les premières opérations de déblayage et d'interventions rapides. « C'était une première prise de contact », assure Dominique Juillot, président de l'interprofession France Bois Forêt. Une réunion qui en appellera sûrement d'autres, puisque la profession a présenté, à Michel Barnier, un « plan de crise national avec une spécificité locale Grand Sud ». Elle a également insisté sur la mise en place « d'une indemnisation des propriétaires forestiers », dispositif qui n'avait pas été instauré après la tempête de 1999. Dominique Juillot a fortement souligné que cette indemnisation servirait aux propriétaires « à vivre tout simplement », rappelant que ce qui a été détruit constitue « leur outil de travail ». Le ministre aurait reconnu qu' « un vide juridique » prive à ce jour les propriétaires forestiers des dispositions qui s'appliquent aux agriculteurs en cas de catastrophe naturelle. « C'est une vraie faiblesse, nous devons rechercher une réponse équitable », a-t-il déclaré.
A problème local, solutions nationales
Dans un second temps, il s'agira de résoudre le problème de stockage du bois. « Si les problèmes sont plus faciles à gérer car mieux cernés qu'il y a 10 ans, ils sont aussi plus difficiles car la nature des arbres (pins et peupliers) rend leur traitement compliqué », explique Dominique Juillot. En effet, il va désormais falloir agir vite pour empêcher le bois de pourrir. Car le pin maritime, en séchant, à tendance à s'oxyder et à prendre une couleur bleue qui lui ôte une partie de sa valeur en tant que bois d'œuvre. En outre, Michel Barnier a rappelé que le contexte économique actuel ne favorise pas le marché de la vente de bois. En attendant donc, il faut pouvoir conserver le pin, via une technique d'arrosage par brumisation, au point mais coûteuse. Quant aux peupliers, « il faut penser à solliciter davantage la grande distribution qui utilise ce bois pour ses cagettes de fruits et légumes », estime le président de France Bois Forêt.
Avec 60 à 70% des 300.000 hectares de forêts landaises détruits, inclure les conséquences de la tempête Klaus dans une politique globale visant à améliorer la filière bois apparaît désormais comme une évidence pour les professionnels du secteur. « Afin que les remèdes qui seront pris dans cette région ne viennent pas détériorer la situation dans les autres régions », insiste Dominique Juillot. A l'heure qu'il est, il est impossible d'estimer le coût final des suites de la tempête, « mais nous devons proposer un plan crédible et raisonnable », rappelle le président de l'interprofession. A ceux qui se sont dit « déçus » par voie de presse, il répond qu' « il n'est pas la peine de demander des subventions qui ne seraient pas nécessaires à long terme » et qu'il faut « positiver ». Rappelant que la prise de conscience du chef de l'Etat, fin décembre dernier, quant aux problématiques de la filière bois en général, pourrait débloquer la situation plus rapidement…