ANNONCE. Le préfet de la Manche a signé les arrêtés autorisant la destruction des barrages hydroélectriques de Vezins et La Roche-qui-Boit, situés sur la Sélune, à 30 km du Mont-Saint-Michel.
Le préfet de la Manche a signé les arrêtés autorisant la destruction des barrages hydroélectriques de Vezins et La Roche-qui-Boit, situés sur la Sélune, à 30 km du Mont-Saint-Michel, a annoncé mercredi la préfecture. Après des années de tergiversations, ces actes concrétisent l'annonce en novembre 2017 par Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique, de cette "opération unique en Europe" devant contribuer à la "reconquête de la biodiversité" et à la lutte contre le "changement climatique".
En conformité avec le droit européen
Une décision de destruction des barrages avait d'abord été prise en 2009 par la France pour "mettre le site en conformité avec le droit européen". Mais en 2014, Ségolène Royal, alors ministre, l'avait suspendue en estimant qu'il fallait étudier des solutions alternatives. "90 km de cours d'eau seront entièrement ouverts à la reconquête de la biodiversité, notamment grâce au retour naturel d'espèces aquatiques emblématiques comme le saumon de l'Atlantique et l'anguille européenne", avait précisé le ministère en 2017.
En 2010, la cour administrative d'appel de Nantes avait mis en demeure EDF d'"assurer la circulation des grands migrateurs au droit des ouvrages de La Roche-qui-Boit et de Vezins" avant 2014. Au préalable à sa destruction, une délicate vidange du barrage de Vezins a été menée de mai à septembre. Près de 500.000 m3 de sédiments sur lesquels il y avait suspicion de pollution avaient auparavant été confinés sur place, pour 20 millions d'euros, selon l'État. La dernière vidange intervenue en 1993 sur ce barrage avait provoqué une grave pollution de la baie du Mont, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Des destructions contestées
Le barrage de Vezins (26 mètres de haut, 280 mètres de long), propriété de l'État, et celui de La Roche-qui-Boit, propriété d'EDF, datent respectivement de 1916 et 1926 et produisaient en 2012, 0,04% de la production électrique française. Leur destruction est contestée localement car elle implique la disparition d'une base nautique. La destruction du barrage de Vezins doit avoir lieu d'ici à l'automne 2019. La vidange du barrage de la Roche-qui-Boit doit intervenir à partir de 2020/2021, avait indiqué l'État en 2017.