LOGEMENT. A l'approche des élections municipales de 2020 et des Jeux Olympiques de 2024, nombre de sujets sont en lien avec l'aménagement urbain et privé : l'accessibilité du logement, la construction verticale, la connectivité des équipements... Autant de points sur lesquels la Fédération des ascenseurs a souhaité (ré)attirer l'attention des décisionnaires publics comme privés.
Avec 8 ascenseurs pour 1.000 habitants, la France est le pays européen le plus faiblement équipé en élévateurs, contre 10 à 12 pour nos voisins allemands. Un chiffre qui motive la Fédération des ascenseurs, composée à 95% de PME, à braquer de nouveau les projecteurs sur nombre de sujets du quotidien en phase avec l'actualité, à commencer par la question de l'accessibilité du logement, un phénomène de plus en plus répandu du fait du vieillissement de la population. Pour y répondre, il conviendrait d'ajuster les normes de construction : "La réponse est forcément binaire : soit on peut adapter, soit on ne peut pas", affirme Guillaume Fournier-Favre, président de la Fédération des ascenseurs. Sachant que les contraintes d'emprise foncière doivent aussi être prises en compte dans la balance. Cet accompagnement des habitants, qui se traduit dans les faits par des enjeux de mobilité verticale, permettra aussi de faire grimper la valeur des biens immobiliers. Interrogé d'ailleurs sur les répercussions de la loi Elan sur leurs métiers et leur activité, les ascensoristes estiment néanmoins qu'il est encore trop tôt pour dresser un bilan du texte.
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Préserver les centres-villes et construire plus haut
"Notre objectif est de réconcilier la volonté d'accessibilité et la simplification de la construction", poursuit Guillaume Fournier-Favre. "On est dans un pays de propriétaires, et 87% des Français jugent l'ascenseur nécessaire avant le 4e étage." D'après les chiffres du secteur, la présence d'un élévateur augmente en moyenne de 6% la valorisation d'une copropriété d'une douzaine de logements en R+3, sachant qu'en 2014 les professionnels ont constaté des écarts de 15 à 20% sur les prix franciliens pour un appartement au 4e étage avec ou sans ascenseur. Mais le principal problème serait le manque d'anticipation : "On est dans l'achat contraint, dans l'urgence", souligne le délégué général de la Fédération des ascenseurs, Alain Meslier. Les investissements dans les élévateurs ne sont généralement pas prévus mais improvisés, motivés par une situation qui a évolué plus ou moins rapidement. D'une manière générale, on comptera entre 10.000 et 12.000 € pour un ascenseur en copropriété, et environ 20.000 € pour un équipement en maison individuelle.
Les professionnels souhaiteraient notamment que les constructeurs de maisons individuelles réservent 1 m² au premier étage de chaque habitation pour installer un éventuel ascenseur. Les enjeux se cristallisent sur deux points selon Alain Meslier : "Les équipements du bâti existant, et le maintien en coeur de ville, par rapport à des maisons de retraite et des EHPAD [Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ndlr] situées en périphérie". "Comment on architecture la ville est une question évidemment importante, mais le sujet de l'urbanisation galopante continue à se poser", abonde Guillaume Fournier-Favre. "Il faut construire beaucoup plus haut que ce que l'on fait aujourd'hui. La France est l'un des derniers pays où l'on a du mal avec la très grande hauteur."
"Le parc a divisé par 3 sa consommation d'énergie en 20 ans"
Alors que le bâtiment du XXe siècle était "mono-usage", celui du XXIe siècle multiplie les fonctions : avec le développement du télétravail et les changements d'habitudes de consommation, les habitants y vivent mais y travaillent également, ils s'y font livrer des commandes... Les conséquences de cette évolution sont non seulement architecturales mais aussi économiques et industrielles. La modernisation d'un équipement requiert d'ailleurs un savoir-faire spécifique. "Le parc a divisé par 3 sa consommation d'énergie en 20 ans", assure le président de la fédération. "Aujourd'hui, un ascenseur modernisé consomme en moyenne environ 600 kWh par an." En outre, dans le cadre du Grand Paris Express et à l'approche des Jeux Olympiques de 2024, les projets urbains intégrant les questions d'accessibilité pour améliorer l'accès des transports en commun franciliens se multiplient. En fait, deux types d'habitats se distinguent : "Nous avons d'une part l'habitat européen classique de petite hauteur, et d'autre part l'habitat de très grande hauteur, qui présente des innovations révolutionnaires, comme on le voit avec le projet de la Djeddah Tower en Arabie Saoudite".
De plus, à l'heure des objets connectés, BIM et autres applications pour smartphones, l'interactivité des ascenseurs évolue également. "Les opportunités d'innovation sont encore extrêmement nombreuses", confirme Guillaume Fournier-Favre, que ce soit pour l'esthétisme, le confort de voyage, la consommation énergétique ou le magnétisme. Des sujets qui sont au programme de la future Réglementation Environnementale 2020, et pour laquelle les ascensoristes participent aux travaux sur l'expérimentation E+C-. La sécurité n'est pas non plus négligée, mais avec 100 millions de trajets effectués en ascenseur chaque jour en France, l'élévateur est "un des moyens de transport les plus sûrs au monde, aussi bien pour les passagers que pour les techniciens". A ce sujet, les professionnels du secteur précisent que les principales causes d'accidents sont les chocs avec les portes et les trébuchements dus au décalage entre le sol et le plancher de l'ascenseur.
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Un marché hexagonal dominé par les opérations d'entretien-maintenance
Les perspectives s'orientent pour leur part vers les services de maintenance : "L'Europe est davantage un marché d'entretien que de construction, contrairement au marché asiatique", note le président de la fédération. "Et 70% de nos techniciens français sont spécialisés dans la maintenance." Ce qui explique le taux extrêmement faible de renouvellement du parc (2%). Pour autant, les élections municipales de 2020 brassent un enjeu majeur pour les ascensoristes : celui de l'accessibilité du milieu urbain, pour laquelle le secteur souhaiterait instaurer un outil de mesure sur la durée. "Il faut penser l'accessibilité comme un trajet dans la ville", à l'heure où les normes de construction sont réexaminées et où les transports et les plateformes multimodales se propagent, dans un tissu urbain toujours plus vaste.
Les chiffres du marché mondial de l'ascenseur neuf