Bas Smets désigné pour redessiner les abords de Notre-Dame-de-Paris

 

Après six mois de concertation publique, en 2021, avec acteurs du site, riverains et commerçants, Parisiens, Grand Parisiens "et un public plus large encore", raconte la maire lors de la présentation de l'équipe lauréate, le 27 juin, la Ville a constitué un jury pour analyser les projets. Hormis la Ville, le diocèse, l'Etablissement de reconstruction de la cathédrale et une "commission citoyenne" de 20 personnes tirées au sort ont choisi parmi les quatre groupements candidats.

 

 

 

Le projet mené par le paysagiste Bas Smets retenu

 

C'est l'équipe menée par le paysagiste belge Bas Smets, avec l'agence d'architecte et d'urbaniste Grau, et, pour le volet patrimoine l'agence d'architecture Neufville-Gayet, qui a été sélectionnée. "L'île de la Cité est le berceau de la Ville de Paris. C'est ici que la ville s'est inventée à travers des formes urbaines qui n'ont cessé de se développer dès lors. Depuis 800 ans Notre-Dame est le témoin privilégié de la transformation de la ville", a indiqué Bas Smets, visiblement ému. "Repenser ses abords, c'est tout d'abord questionner quels espaces publics pour la ville de demain. Les figures urbaines, telles que parvis, place, square, alignement et berges, sont toutes présentes autour de la Cathédrale mais de façon fragmentée. Le projet révèle la qualité de chaque lieu et repense chacune de ces figures sous le double angle du collectif et du climat".

 

Pendant 10 mois l'équipe, qui rassemble huit disciplines, a "travaillé de manière horizontale" pour "faire émerger une intelligence collective". Bas Smets a salué la qualité des remarques du jury, y compris celles de la commission citoyenne.

 

 

Ouverture totale et adaptation à un "avenir climatique incertain"

 

Conformément au souhait de "ne pas ajouter de l'architecture car le monument est là", comme l'a expliqué Anne Hidalgo, l'équipe menée par le paysagiste s'est attaché à "le magnifier", mais aussi "préparer le monument pour un avenir climatique incertain". Le parvis, qui doit "rester un parvis, pour mettre en valeur l'élément essentiel du projet, c'est-à-dire la façade de la cathédrale", est ainsi conçu comme une "clairière". Les arbres autour offrent des assises à l'ombre, tandis que, originalité du dossier, une fine lame d'eau (5 mm) "ruissèle ponctuellement pour rafraichir le parvis en temps de grandes chaleurs, créant des reflets éphémères".

 

L'espace derrière la Cathédrale, "aussi grand que la place devant, aujourd'hui divisé par des haies et des clôtures", devient un grand square d'accès libre permanent - à la différence d'autres projets soumis au jury - et continu entre le chevet et la Seine autour d'une pelouse généreuse qui s'ouvre sur les arcs-boutants et les vitraux. Les jardins au sud de la cathédrale, ainsi que les arbres existants, sont intégrés dans un grand parc des berges de 400 mètres de long.

 

 

 

L'ancien parking souterrain devient "abri climatique"

 

Le parking souterrain actuel est transformé en une "promenade intérieure" qui abrite le programme d'accueil, et notamment nouvel accès à la crypte archéologique. Cet "abri climatique", qui augmente l'espace permettant d'accueillir les visiteurs, est "rationnel par son inscription dans l'existant (et sobre en termes environnementaux), mais romantique grâce à la rampe offrant une vue montante vers l'édifice, "comme on la percevait il y a 800 ans". Il vise à articuler harmonieusement la cathédrale, la Seine et la crypte.

 

L'ensemble "garantit un espace continu" qui offre de nouvelles vues sur Notre-Dame, de nouveaux rapports à la Seine, ainsi qu'une multiplicité d'atmosphères climatiques, grâce notamment à une augmentation de 36% des surfaces végétalisées. Les figures urbaines révélées et augmentées "offrent un condensé des espaces parisiens, qui s'inscrit dans le réseau d'espaces publics environnant. Les abords de Notre-Dame redeviennent ainsi l'épicentre de Paris". Et offrira, lance la maire de Paris, "des expériences extraordinaires dans un écrin climatique".

 

Une temporalité soumise à la reconstruction de la cathédrale

 

Le premier adjoint à la maire, en charge de l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, a rappelé que le projet global, "intégralement financé par la Ville", doit tenir dans l'enveloppe de 50 millions d'euros. Quant au calendrier, il "dépend du calendrier global du chantier de reconstruction de la cathédrale". Les 4,4 hectares sont en effet en partie occupés par le chantier et la base vie.

 

Les travaux des abords seront donc "engagés au second semestre 2024", pour une livraison finale en 2027. Entre-temps, "des choses seront faites avant", a expliqué Anne Hidalgo, dès que le parvis sera libéré.