Durant 12 mois, 1.000 foyers de l'agglomération toulousaine ont été connectés à un réseau électrique intelligent. Un courant porteur en ligne de 3e génération a été testé sur des réseaux basse et moyenne tension, permettant de transmettre des données sur plusieurs kilomètres. Une réussite pour les acteurs du projet qui préfigure de nouvelles fonctionnalités dans l'avenir.
C'est une première : un réseau de distribution d'électricité est devenu intégralement numérique sur le plan télécom, grâce à l'intégration d'un courant porteur en ligne de troisième génération (CPLG3). Et c'est à Toulouse, en 2016, qu'a été menée cette expérimentation, fruit de trois ans de travail de la part d'un consortium piloté par Enedis (ex-ERDF) et STMicroelectronics (voir la liste complète en note).
Lancé en 2013, le projet Sogrid a nécessité un important budget de 27 M€ (dont 12 M€ apportés par l'Ademe) afin de constituer "une chaîne de communication globale sur un réseau de distribution électrique, jusqu'au client final". Ainsi, 1.000 foyers de zones urbaines et rurales ont été impliqués avec plus de 1.300 équipements connectés sur ce réseau communicant. Outre les 1.000 compteurs intelligents, 300 capteurs ont été déployés (coupleurs, data-concentrateurs), partageant tous une puce spécifique. Ils pouvaient notamment détecter des anomalies au domicile de clients, dialoguer entre eux et y remédier instantanément. Le signal télécom, qui a été testé sur un circuit de 35 km de long, s'est avéré capable de parcourir 5 km seul, sans relai, et de parvenir à 10 km "avec les niveaux d'émission les plus exigeants et le niveau de robustesse le plus fort". Le débit a été mesuré à 30 kb/s avec un potentiel maximal de 200 kb/s. Les spécialistes indiquent que le transfert d'information se fait en moins d'une seconde et que le niveau de perte est inférieur à 1 %, le réseau constituant ainsi "un tunnel de télécommunication ouvert et sécurisé en permanence". De quoi mieux estimer l'état du réseau et le superviser, notamment dans le cas de producteurs-consommateurs d'énergies renouvelables, un atout dans le cadre de la transition écologique et de l'essor de la mobilité électrique.
Un déploiement sur le réseau national dans les 15 ans
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Dans le cadre du projet, cinq brevets ont été déposés : deux pour Enedis, sur la synchronisation des équipements via la fréquence 50 Hertz ainsi qu'une fonction d'itinérance ("handover") installée dans le système d'information, et trois pour Nexans. Ces derniers portent respectivement sur l'alimentation continue en basse tension pour des dispositifs électroniques de communication, un procédé de montage de dispositifs de communication sur un câble de transport électrique, et sur l'utilisation de transformateurs existants comme coupleurs pour communiquer sur le réseau moyenne tension. Jean Paoletti, le directeur régional d'Enedis Midi-Pyrénées Sud, déclare : "Nous avons tenu nos engagements, Sogrid est une réussite collective, avec tous les partenaires. Le projet est une belle démonstration du savoir-faire français de la filière smart grid. Nous sommes allés au-delà de ce que nous envisagions en 2013". Sur la base de ce retour d'expérience, Enedis va maintenant procéder à une mise à l'étude de l'industrialisation de Sogrid. Le but serait de parvenir à un déploiement de cette chaîne de communication sur l'ensemble du réseau national à l'horizon de 2030. A l'avenir, le réseau électrique utilisera donc tout un ensemble de technologies : courant porteur en ligne, Internet des objets, norme GPRS…
Liste des partenaires du projet Sogrid : Enedis, STMicroelectronics, Nexans, Sagemcom, Landis+Gyr, Capgemini, Trialog, LAN, laboratoires de Grenoble INP et de l'Ecole Polytechnique