L'ancien maire (UDF-PR) de Cannes, Michel Mouillot, a été condamné mercredi à trois ans de prison ferme et 50.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Grasse pour avoir perçu des pots-de-vin destinés à favoriser une opération immobilière sur la Croisette en 1997.

M. Mouillot, 60 ans, privé de ses droits civiques pendant 5 ans, n'a en revanche pas été arrêté à la barre comme le réclamait le ministère public.
"C'est injuste", a estimé l'ancien élu sans indiquer s'il faisait appel de sa condamnation. Il a également promis des "révélations" dans son livre "Tous mouillés" à paraître le 17 juin.

Ses trois co-prévenus, également poursuivis pour corruption, ont été condamnés à des peines de 6 mois à deux ans avec sursis.
Ils devront verser solidairement quelque 200.000 euros de dommages et intérêts à la ville de Cannes.

Michel Mouillot, maire de 1989 à 1997 et surnommé le "Kennedy de la Croisette" du temps de sa splendeur, avait été mis en examen en 1997 après la transformation d'un hôtel de la Croisette à Cannes, "le Relais de la Reine", en résidence hôtelière, puis en appartements de luxe par une banque qui en avait fait l'acquisition.

Le permis autorisant la construction de surfaces supplémentaires avait été délivré au groupe Indosuez par la mairie en janvier 1994, mais dénoncé comme illégal par le préfet des Alpes-Maritimes. Il n'avait pourtant pas été retiré par la commission d'urbanisme de la Ville, ni traduit devant le tribunal administratif.

De plus, la municipalité, qui aurait dû recevoir une taxe pour un dépassement de coefficient d'occupation des sols (COS) équivalent à 7,32 millions d'euros, n'en avait perçu que 3,35 millions.

François Rosset, ex-directeur d'une société mandatée par Indosuez et condamné mercredi à deux ans de prison avec sursis, avait reconnu lors de l'instruction avoir fait verser 270.000 euros à Michel Mouillot pour décrocher le permis controversé, avant de se rétracter.

Jean Cotto, l'oncle de M. Mouillot qui avait joué les intermédiaires, a été condamné à un an avec sursis, tandis que Philippe Riera, un émissaire de M. Rosset, a écopé de 6 mois avec sursis.

L'ancien maire, condamné en octobre 2002 à 10.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Grasse pour détournement de fonds publics, reste impliqué dans plusieurs affaires, notamment le versement de salaires fictifs et de pots-de-vin en échange d'autorisations d'implantation de machines à sous dans deux palaces de la Croisette en 1996.

M. Mouillot est en liberté depuis octobre 1997, après quinze mois de détention provisoire dans ce dossier dit des "casinos" qui pourrait être jugé dans les prochains mois.

actionclactionfp