Les déboires s'accumulent pour le réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville : après avoir annoncé un surcoût massif, EDF doit faire face au retrait de son partenaire italien Enel du projet. Conséquence : l'électricien français va rembourser 613 M€ d'investissements à son homologue transalpin, plus les intérêts.

Alors que l'annonce d'un surcoût de 2 milliards d'euros vient d'être dévoilée par EDF, une autre nouvelle vient encore compliquer les choses pour l'EPR (European Pressurized Reactor), le réacteur nucléaire de 3e génération : la société italienne d'électricité Enel se retire du projet. Depuis novembre 2007, EDF et son alter-ego transalpin avait conclu une série d'accords de coopération dans le domaine de l'atome civil où l'énergéticien italien prenait une participation de 12,5 % dans le projet EPR Flamanville 3.

 

Mais face à l'évolution de l'environnement économique - en particulier autour du projet EPR Flamanville 3 - et suite à l'abandon en Italie de la relance du programme nucléaire décidé par référendum du mois de juin 2011, Enel souhaite donc récupérer sa mise initiale. En conséquence, EDF se voit contraint de rembourser le montant de l'investissement, soit 613 M€, auxquels s'ajouteront les intérêts. La facture va donc encore s'alourdir pour le groupe français. Ce dernier annonce toutefois récupérer l'intégralité des droits dans le projet Flamanville 3, y compris l'ensemble des revenus à venir de la commercialisation de l'électricité.

 

Dérive des coûts
La sortie d'Enel du projet EPR entraîne également la résiliation de contrats d'accès anticipés adossés aux options octroyées sur les projets EDF pour lesquels la société italienne a reçu, contre paiement, 1.200 MW en 2012. La résiliation s'effectuera progressivement et l'énergéticien transalpin ne recevra plus que 800 MW en 2013 et 320 MW l'année suivante. De même, les accords de transferts de savoir-faire entre les deux partenaires sont désormais caducs. Le groupe Enel souhaite, malgré ce désengagement, rester présent sur le sol français, qui demeure un marché stratégique. Il continuera d'y être actif "grâce à sa présence diversifiée dans les activités de négoce d'énergies renouvelables, de gaz et d'électricité" précise un communiqué. L'entreprise italienne est un important producteur d'énergie géothermique (32 centrales en Italie et 20 dans le reste du monde) et d'électricité photovoltaïque.

 

Le réacteur de Flamanville, d'une puissance électrique de 1.650 MW, a vu ses coûts exploser : initialement estimé à 3,4 Mrds €, le montant de la facture est passé à 4 Mrds en décembre 2008, 5 Mrds € en juillet 2010, 6 Mrds € en juillet 2011 puis 8,5 Mrds € aujourd'hui. Trois autres réacteurs du même type sont en construction à l'étranger dont un en Finlande. De même puissance que l'installation française, son coût initial qui était estimé à 3,4 Mrds a été réévalué à 6,6 Mrds € en 2011. Le projet de construction de quatre réacteurs EPR en Grande-Bretagne semble désormais irréalisable au vu de cette dérive budgétaire.

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