SANTÉ. Le sénateur Christophe Priou (Les Républicains) a posé, ce 19 mars 2019, une question au gouvernement concernant les impacts sanitaires d'un parc éolien en Loire-Atlantique. C'est le secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Santé qui a répondu que de nouvelles études seraient menées, les précédentes n'ayant rien décelé. Extraits de ces échanges.
En Loire-Atlantique, le parc éolien dit "des Quatre Seigneurs" implanté sur les communes de Puceul, Suffré, Nozay et Abbaretz compte huit machines, exploitées depuis 2013. Certains riverains rapportent des effets sur leur santé ou celle de leurs bêtes. Le sénateur Christophe Priou s'en est ému et a lancé une question au gouvernement lors de la séance publique du 19 mars 2019. L'élu Les Républicains raconte : "Différentes observations effectuées par les exploitants agricoles sont inquiétantes. En septembre 2012, avec l'installation du site éolien sont observés les premiers symptômes comportementaux des élevages, avec une aggravation en 2013, liée à la mise en service : diminution de production de lait, problèmes de vêlage, perte de bétail". La presse locale fait état du décès de plus de 200 têtes de bétail en six ans. Le sénateur poursuit : "Des témoignages vétérinaires précis font la relation avec la mise en service du parc éolien. Des symptômes ont également été signalés par les habitants et riverains du site : céphalées, vertiges, saignements de nez, brûlures aux yeux, troubles du sommeil…".
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Deux rapports de l'Anses et aucun impact sanitaire établi
Le secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Santé, Adrien Taquet, répond : "Les ministères chargés de la Santé et de l'Environnement ont saisi, à deux reprises, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à ce sujet. En 2008, l'agence a conclu que les émissions sonores des éoliennes ne sont pas suffisantes pour générer des conséquences sanitaires directes en ce qui concerne les effets auditifs. A l'extérieur, les bruits peuvent néanmoins être à l'origine d'une gêne parfois exacerbée par des facteurs autres que sonores, tels que l'impact visuel par exemple de l'installation". Le responsable cite ensuite le rapport de 2017, portant cette fois sur l'état des connaissances scientifiques sur les basses fréquences et les infrasons, rappelant que, là non plus, aucun argument ne mettait en évidence l'existence d'effets sanitaires autres qu'une gêne liés à des bruits audibles, soulignant au passage la difficulté de distinguer les effets des sons dans le bas du spectre. Adrien Taquet avance également l'existence d'un effet "nocebo" pouvant "contribuer à expliquer l'existence de symptômes liés au stress réellement ressenti par des riverains". Selon ses explications, l'impact visuel des éoliennes serait ainsi un meilleur moyen de prédiction des gênes ressenties que le niveau de bruit des machines.
La piste de la mise à la terre ?
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Le sénateur évoque, pour sa part, des échanges avec les services préfectoraux en 2014 et 2015, ayant entraîné des rapports d'expertises et des études complémentaires dans deux élevages proches des huit turbines incriminées. Des documents qui feraient apparaître "une corrélation entre les anomalies relevées par le robot de traite et la production du site éolien". D'autres investigations ont été diligentées afin de déterminer l'incidence de câbles souterrains servant à la liaison équipotentielle - la mise à la terre - des éoliennes. Une bande de cuivre, posée sur le sol, relierait en effet les engins entre eux et pourrait engendrer un champ magnétique. La préfecture a ordonné que des tests soient menés sur ces liaisons sur des durées de deux semaines, en les neutralisant toutes simultanément puis en les remettant en service de façon séquentielle, tout en étudiant les conditions météorologiques du jour (direction et vitesse du vent). Le secrétaire d'Etat à la Santé soutient : "Des études locales reposant sur le recueil de données de santé et de perception de pollution déclarée sonore et visuelle paraissent de nature à apporter des éléments d'information importants, et la réalisation préalable d'enquêtes qualitatives pour appréhender les inquiétudes des riverains et leurs attentes (…) Les résultats pourraient faciliter ainsi la caractérisation de l'impact sanitaire éventuel de ces installations et le lien avec la perception des pollutions ressenties par la population".
Le sénateur de Loire-Atlantique conclut son intervention en annonçant qu'il serait vigilant sur ce dossier et qu'il était, comme la majorité actuelle, convaincu de l'intérêt des énergies renouvelables. S'il n'est pas totalement hostile aux turbines, il préfèrerait voir les éoliennes déployées plus loin, au large : "J'en profite d'ailleurs pour inciter le gouvernement à accélérer fortement sur l'implantation des champs éolien en mer. C'est une forte attente pour la filière industrielle". Et il souhaite que le principe de précaution et d'évaluation soit appliqué dans l'éventualité du constat d'une défaillance électrique et de désordres subsistants. Les résultats d'études de forages entreprises en février 2019 seront connus à la mi-juin.