Les contrôles de sécurité systématiques menés par l'UE dans les centrales nucléaires européennes révèlent que les 19 usines françaises afficheraient des défaillances mais qu'aucune fermeture ne serait toutefois nécessaire. Des conclusions globalement similaires à celles de l'ASN.
Selon un rapport confidentiel, rendu public par Le Figaro, chacun des 58 réacteurs nucléaires français présenterait des défaillances d'incidences variables. C'est la conclusion de la campagne de «stress tests» européens qui a fait suite à la catastrophe de Fukushima (mars 2011). Des évaluations ont été menées depuis un an sur les 134 réacteurs civils du parc européen afin d'évaluer leur résistance à des événements extrêmes mais possibles : tremblement de terre cataclysmique, inondations désastreuses, etc. Aucune fermeture ne serait préconisée par Bruxelles : « En général, la situation est satisfaisante », explique le commissaire à l'Energie, Günther Oettinger.
Mais, tout comme l'Agence de Sûreté Nucléaire qui estimait, en janvier 2012, que les installations examinées présentaient un niveau de sécurité suffisant pour qu'elles poursuivent leur exploitation, la commission d'enquête européenne (ENSREG) recommanderait des travaux et des aménagements afin d'augmenter, au-delà des marges actuelles, leur robustesse face à des situations catastrophiques. Les 19 centrales françaises ont été testées par les autorités nationales et quatre d'entre elles ont été visitées par des experts européens (Cattenom, Chooz, Tricastin et Fessenheim).
Bons et mauvais points
Cette dernière centrale, la doyenne du parc nucléaire français, présenterait d'ailleurs - paradoxalement - moins de points négatifs que d'autres installations, au moment même où le processus de fermeture a été engagé. Ainsi, les procédures prévues en cas d'accident grave seraient adéquates dans la centrale alsacienne mais insuffisantes dans les centrales mosellanes et ardennaise. Les équipements de secours ne seraient par exemple pas bien protégés des éléments. Le rapport souligne également que les usines françaises étaient pourvues de recombineurs d'hydrogène, un dispositif qui permettrait d'éviter une explosion de gaz, comme au Japon. Les centrales espagnoles et britanniques en sont pour l'instant dépourvues.
Le document de l'UE estimerait enfin que le coût de remise à niveau des installations nucléaires européennes oscillerait entre 10 et 25 Mrds €, avec des factures pour chaque réacteur de 30 à 200 M€. Selon Le Figaro, la Cour des comptes aurait évalué, pour les 58 réacteurs d'EDF, la dépense à 5,6 Mrds € sur 14 ans. L'ASN tablait, quant à elle, sur un investissement de 40 à 50 Mrds € pour continuer l'exploitation de l'énergie atomique jusqu'à la fin de vie des réacteurs (60 ans).