Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire, et Bruno Lechevin, président de l'Ademe, ont lancé, ce jeudi 9 novembre 2017, la 2e phase du programme "TPE/PME gagnantes sur tous les coûts". Une cinquantaine d'entreprises avaient participé à la 1re phase et réalisé des économies substantielles sur l'énergie et les matériaux. Zoom.
Pour Brune Poirson, le programme "TPE/PME gagnantes sur tous les coûts" initié par l'Ademe en 2016 "incarne pleinement et exactement ce que le ministère de la Transition écologique et solidaire veut faire : créer un mouvement en faveur de l'économie circulaire". Cette initiative vise à faire réaliser des économies aux petites et moyennes entreprises grâce à un audit de leurs pratiques et une visite de leurs locaux, en les aidant à améliorer leur efficacité énergétique, le traitement de leurs déchets et leur politique de gestion des ressources. La secrétaire d'Etat renchérit : "C'est le meilleur exemple possible de conciliation entre économie et écologie, une véritable boucle vertueuse". Elle rappelle ainsi que le recyclage d'une tonne de déchets génèrerait 30 fois plus d'emplois qu'une mise en décharge.
Le programme de l'Ademe, qui s'adresse à toutes les entreprises ou établissements de 250 salariés au maximum, serait donc dans l'intérêt de tous. Brune Poirson poursuit : "Le diagnostic sur la consommation des ressources est un outil concret, opérationnel, pour améliorer la compétitivité. La chasse au gaspillage est naturelle mais elle va ici plus loin, vers une meilleure efficacité". Pour la secrétaire d'Etat, la démarche serait même l'occasion de développer des synergies entre différents acteurs, créatrices de valeur et d'emplois non délocalisables.
Des dizaines de milliers d'euros économisés par entreprise
Fabrice Boissier, le directeur général délégué de l'Ademe révèle : "Le dispositif a été testé sur un petit nombre d'entreprises pendant un an, pour identifier tous les gisements d'économies. Et la plupart ont fait des économies importantes". En effet, les 49 premières sociétés impliquées (dont quatre du bâtiment et quatre des travaux publics) ont réalisé plus de 3 millions d'euros d'économies diverses sur l'année, soit plusieurs dizaines de milliers d'euros chacune en moyenne, en mettant en œuvre des actions simples. Huit entreprises sur dix ont économisé plus de 180 €/an par salarié, et six sur dix sont même parvenues à plus de 300 €/an par salarié. Il ajoute : "Les temps de retour sur investissement étaient très courts, de l'ordre de quelques mois". Sept en moyenne, révèlent les chiffres. Et, cerise sur le gâteau, 9.000 tonnes d'émissions de CO2 ont été évitées. Concernant spécifiquement les entreprises du bâtiment et des travaux publics, il apparaît que l'entreprise SNA, spécialisée dans les toitures terrasses et l'étanchéité, a modifié ses contrats d'approvisionnement et appris à mieux gérer son énergie. De son côté, la Société Méridionale du Bâtiment a réduit ses dépenses en mettant en place de bonnes pratiques sur ses chantiers, tandis que chez AtlanRoute, d'énormes gains ont été faits en modifiant les process (voir encadré).
"C'est un dispositif génial, très innovant et simple, avec des gains garantis !" Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire, membre de la commission du Développement durable
Le directeur général délégué reprend : "Pour aller plus loin, avec un plus grand nombre d'accompagnements par l'Ademe et des bureaux d'études, nous nous adressons à tout le monde : TPE, PME, établissements de plus grands groupes qui emploient moins de 250 personnes, et dans tous les secteurs industrie, distribution, artisanat…" L'intervention auprès de 500 entités se déroulera en quatre étapes : tout d'abord une analyse des pratiques de l'entreprise par un expert extérieur, puis la définition d'un plan d'actions s'étalant, au maximum sur une durée d'un an, qui sera mis en œuvre puis évalué. Un chef d'entreprise ayant participé à la première session en 2016 explique : "Il était difficile pour nous de hiérarchiser les sources d'économies et les investissements à faire. D'où l'importance de cet audit indépendant". Pour lui, la démarche est gagnant-gagnant, puisque les gains sont récompensés.
Rentabilité assurée
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D'autant que le coût de l'audit initial est pris en charge par l'Ademe ou les chambres consulaires. Les entreprises ne reverseront un montant forfaitaire, défini à l'avance selon leur taille (500 € pour moins de 20 salariés, 6.000 € pour 20 à 49 salariés, 12.000 € pour 50 à 99 salariés et 18.000 € pour 100 à 250), si et seulement si des économies suffisantes sont bien validées. Bruno Lechevin, le président de l'Ademe conclut : "Cette opération est très importante pour nous. Si toutes les PME s'y mettaient, plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2 pourraient être évitées chaque année, ainsi qu'un milliard d'euros d'économies par an. C'est donc un enjeu de compétitivité". Il est possible de s'inscrire sur le site http://www.gagnantessurtouslescouts.fr/
Là où quelques entreprises grappillent difficilement quelques centaines d'euros de gain sur leurs factures de chauffage ou d'éclairage, la société AtlanRoute, qui fabrique des enrobés en Vendée, est parvenue à économiser 242.000 euros par an. Ceci grâce à l'adoption d'un nouveau process industriel dit d'enrobé tiède incorporant des agrégats recyclés et des additifs. Didier Airieau, son directeur général, confie : "En améliorant notre procédé de fabrication, nous sommes capables de proposer des produits de meilleure qualité et plus respectueux de l'environnement à nos clients tout en faisant des économies d'énergie et de matières premières". En chiffres, l'entreprise a réduit sa consommation énergétique de 417.000 kWh/an, en baissant les températures de consigne, et diminué ses besoins de granulats de carrière de 11.340 tonnes/an. D'autre part, une campagne de suivi avec pesées et sensibilisation du personnel est en cours pour analyser la planification et la production au plus juste et éviter ainsi les surplus de chantier.