DÉCISION. EDF a présenté ce 13 décembre 2019 son plan baptisé "Excell", destiné à remettre la filière nucléaire française aux plus hauts niveaux "de rigueur, de qualité et d'excellence". Placé sous la supervision d'un délégué général qui rendra des comptes au PDG, ce plan se compose de 3 grands volets : la qualité industrielle, les compétences et la gouvernance des grands projets.
EDF était attendu au tournant. Après la remise du rapport de Jean-Martin Folz sur la construction de l'EPR de Flamanville (Manche), le 28 octobre dernier, et dont Batiactu s'était fait l'écho, l'énergéticien avait été sommé par le Gouvernement d'établir rapidement un plan pour redresser une filière nucléaire française en proie à "une certaine déliquescence" - le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait même parlé d'un "manque de rigueur inacceptable". Ce 13 décembre 2019, le président-directeur général d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a donc dévoilé un plan baptisé "Excell", censé replacer l'industrie nucléaire tricolore aux plus hauts niveaux "de rigueur, de qualité et d'excellence". Un "délégué général à la qualité industrielle et aux compétences" sera chargé de la supervision de sa mise en oeuvre, et en rapportera directement au PDG du groupe. Concrètement, Excell sera amorcé dès 2020 et bénéficiera d'un budget de 100 millions d'euros pour la période 2020-2021.
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"Le plan Excell doit permettre de créer les conditions d'un regain de confiance dans la filière nucléaire française et de répondre aux difficultés décrites dans le rapport de Jean-Martin Folz", a estimé Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, lors de la présentation du plan. "Notre objectif est de permettre au nucléaire, énergie neutre en carbone, de continuer de jouer pleinement son rôle dans la lutte contre le changement climatique."
Revoir "en profondeur" la relation "client-fournisseurs"
Concrètement, ce plan de sauvetage du nucléaire français se compose de 3 grands volets. En premier lieu, "le renforcement de la qualité industrielle" va se traduire par "une révision en profondeur de la relation 'client-fournisseur'", dans l'optique d'équilibrer le partage des risques et des contrats en lien avec les procédés industriels à proprement parler. Dans les futurs choix de ses fournisseurs, l'énergéticien devra ainsi mettre davantage en avant les critères de qualité. De plus, les fournisseurs seront à l'avenir "mieux associés à l'élaboration des spécifications et à l'analyse de la constructibilité". Toujours dans le but de mieux sélectionner ses fournisseurs, EDF va instaurer "un nouveau schéma de qualification" pour les projets de construction de futurs réacteurs atomiques, schéma qui sera plus exigeant qu'auparavant et qui pourra être étendu "aux entreprises sous-traitantes de rang 2 et au-delà".
Dans le cas d'opérations encore plus sensibles, les procédés de fabrication seront encadrés par une qualification et seront complétés par "des outils de traçabilité renforcés" pour s'assurer de la qualité des composants. Partant de là, le délégué général aura la charge d'analyser les éventuels "dysfonctionnements" et devra garantir "la mise en place des meilleures pratiques à EDF, à Framatome et au sein de la filière". A ce sujet, le plan stratégique du chaudiériste - ex-Areva, devenu une filiale du groupe en 2018 - devra également intégrer ces grandes orientations pour améliorer lui aussi la qualité de ses équipements fabriqués.
Préserver les savoir-faire et établir une vision stratégique sur les grands projets
Le deuxième volet du plan Excell porte sur un "renforcement des compétences". Pour commencer, EDF va renforcer "les démarches engagées" par la filière atomique tricolore, en lien avec le Groupement des industriels français de l'énergie nucléaire (Gifen), et qui devrait avoir pour point d'orgue la création d'une "Université des métiers du nucléaire". De même, un "outil de gestion des savoirs" va voir le jour, pour centraliser et diffuser les connaissances relatives au domaine nucléaire dans les centres d'ingénierie du groupe. Tout ceci pour sauvegarder précieusement les qualifications des ingénieurs français, les savoir-faire ayant eu fâcheusement tendance à s'exporter depuis plusieurs décennies. Plus largement, la filière souhaite mettre en place "des parcours croisés" entre EDF et les autres acteurs du secteur d'une part, et entre "les métiers de la fabrication, de la construction et de l'exploitation" d'autre part. Enfin, l'industrie atomique élaborera "un plan spécifique" pour recruter et former des soudeurs "dont la qualification répondra au niveau d'exigence du secteur".
Pour terminer, le troisième et dernier volet du plan de redressement porte sur la gouvernance des grands projets. A l'avenir, le PDG d'EDF présidera un comité stratégique chargé de valider, pour chaque chantier d'envergure de la filière, "les données initiales du projet, de définir ses objectifs, ses coûts et ses délais, d'en valider les engagements financiers et d'approuver les principaux contrats". Par ailleurs, le conseil d'administration du groupe devra être "tenu informé régulièrement de l'avancement de ces grands projets".
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