Quels seront les besoins en matériaux de construction et les enjeux en termes de respect de l'environnement pour réaliser les chantiers du futur Grand Paris, dont les premiers chantiers préparatoires du Grand Paris Express (GPE) ont démarré ? C'est la question posée, ce mardi, par les professionnels de l'industrie cimentière, artisans, élus et architectes. Morceaux choisis.
Traçabilité, transports alternatifs, valorisation des déblais. L'économie circulaire devient un défi considérable des futurs des chantiers du Grand Paris. La Société du Grand Paris, principal maître d'ouvrage du projet, veut, en effet, mettre en place une politique exemplaire de gestion des 43 millions de tonnes de déblais du chantier, a signalé Philippe Yvin, son président, lors de la présentation de ses vœux, lundi 25 janvier.
Avant de répéter aux élus et professionnels de la construction présents : "Le métro du Grand Paris poursuit son déploiement et joue plus que jamais un rôle moteur dans la valorisation de ce territoire exceptionnel".
Vers un souci d'économie de la ressource ?
Dans la foulée de l'engagement pris par le président de la SGP, et le lancement de la majorité des appels d'offres des futures lignes du super-métro, le Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) a souhaité débattre, ce mardi 27 janvier, à Paris, avec les élus, les acteurs de la commande publique mais aussi les architectes et les artisans de la région Ile-de-France de ce sujet essentiel : la nécessité de fournir des matériaux dans un souci d'économie de la ressource et dans le respect de l'environnement.D'autant plus que le défi sera de taille dans les dix prochaines années chez les acteurs du BTP avec notamment la mise en place du métro du Grand Paris Express (GPE), des 68 nouvelles gares et enfin la réalisation de 70.000 logements par an.
Quelle place pour l'économie circulaire ?
Quelle sera alors la place consacrée à l'économie circulaire dans ce chantier de grande ampleur qu'est le Grand Paris, désormais enclenché depuis une dizaine d'années ? Outre la gestion du transport fluvial pour réduire la nuisance à proximité des riverains, la SGP rappelle ses sept engagements : la réduction ou la compensation des impacts environnementaux ; la sobriété énergétique ; l'insertion de tous les ouvrages dans leur contexte environnemental, architectural ou paysager ; l'anticipation des risques naturels ; les mobilités douces ; des chantiers écoresponsables ou encore le développement d'une économie circulaire de la gestion des déblais."Avec l'évacuation de 43 millions de tonnes de déblais - majoritairement du sable, du marbre, de la caillasse et aussi de l'argile - et l'entrée en jeu des tunneliers entre 2019 et 2022, le défi de la prise de conscience de l'économie circulaire sera considérable dans le bassin parisien", reconnaît Frédéric Willemin, directeur de l'ingénierie environnementale de la Société du Grand Paris (SGP).
Avant de poursuivre : "Avant d'être utilisateur de matériaux, on va être producteur de matériaux sur l'ensemble des lignes à l'exception de la ligne 18 qui sera caractérisée par 13,9 km de tronçon aérien."
"La déconstruction de 108 bâtiments représente l'évacuation de 60.000 tonnes de déblais", La SGP
Au total, sur l'ensemble du parcours, le principal maître d'ouvrage de ce projet reconnaît tout de même des étapes à franchir. "Si les premiers travaux de génie civil se profilent sur la ligne 15 Sud, il nous faut encore franchir quelques étapes : 18 permis de construire à obtenir d'ici à la fin de l'année 2016, 16 pour les gares et deux pour les sites industriels, 5 diagnostics archéologiques et peut-être des fouilles, les deux premiers diagnostics ont mis à jour à Vitry, sur le site de maintenance les traces d'une occupation humaine de l'âge de fer, ainsi qu'un os de mammouth et sur le site de la gare, d'un ensemble de sculptures mérovingiennes ! Et encore 108 démolitions." Un chiffre retenu aussi par la SGP : "La déconstruction de 108 bâtiments représente l'évacuation de 60.000 tonnes de déblais et près de 11.000 tonnes sur la ligne 15 Sud."
"Un tel projet doit être pensé à un niveau global."
Par ailleurs, les échanges de la SGP avec François-Michel Lambert (Union des démocrates et des écologistes), député des Bouches-du-Rhône et président de l'Institut de l'Economie circulaire, Michel André, président de l'Unicem et Jacques Roudier, président du projet national Recybéton permettent de dégager un consensus : "Un tel projet doit être pensé à un niveau global." Dans ce sens, les industriels de la filière "béton ciment granulat" ont rappelé leur engagement avec la constitution d'un groupe d'experts issus de la filière au service de la SGP.Un défi aussi pour les artisans
"Les discussions engagées à notre initiative ont permis d'analyser les ressources nécessaires à la réalisation de ce projet - non seulement en matériaux de construction et en organisation de transport, mais également en compétences humaines (construction, logistique)- de traduire ces besoins en capacité de production, et de prévoir en conséquence", a commenté à son tour, Raoul de Parisot, président du Syndicat français de l'industrie cimentière (Sfic). Interrogé par Batiactu, Dominique Métayer, vice-président de la Capeb, nous signale l'importance de l'économie circulaire dans un tel projet : "Pour nous les artisans, c'est important déjà de se regrouper et d'anticiper les chantiers, indique-t-il. Le tri des déchets et l'organisation du chantier, nous savons faire au quotidien, à nous d'anticiper. Malgré tout, le Grand Paris en termes de constructions de logements reste flou pour le moment !"
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A l'occasion des rencontres de l'Industrie Cimentière, ce mardi 26 janvier 2016, Raoul de Parisot, président du Syndicat français de l'industrie cimentière (Sfic), a tenu également à signaler que le secteur français du ciment aperçoit en 2016 "quelques signes d'optimisme" et table ainsi sur une stabilisation du marché, après huit années de décroissance, grâce à une reprise du secteur du logement.