CONJONCTURE. L'enquête conjoncturelle de mars 2024 menée par la Banque de France auprès des chefs d'entreprises du bâtiment traduit de l'optimisme pour le second-oeuvre mais du pessimisme pour le gros-oeuvre. Les difficultés d'approvisionnement semblent néanmoins se calmer.

La situation est encore loin de s'arranger dans le secteur de la construction. Comme chaque mois, la Banque de France a mené une enquête conjoncturelle entre le 27 février et 5 mars en interrogeant 8.500 chefs d'entreprises de différents secteurs d'activité, dont le bâtiment. Et les tendances qui en ressortent sont pour le moins mitigées.

 

 

D'après l'institution monétaire, l'activité des professionnels de la construction a plutôt résisté durant le mois de février, aussi bien dans le gros-oeuvre que le second-oeuvre. Les dirigeants interrogés ont toutefois indiqué que ce léger rebond faisait suite à un mois de janvier "particulièrement atone" et ne pouvait donc être considéré comme "un retournement de tendance".

 

Moins de devis en hausse

 

L'enquête s'est aussi intéressée à l'état des carnets de commandes. N'évoluant guère dans le second-oeuvre, il demeure largement inférieur à sa moyenne de long terme dans le gros-oeuvre. Une bonne nouvelle toutefois : les difficultés d'approvisionnement reculent de nouveau et seraient même "en voie de disparaître" d'après la Banque de France, passant de 8% en janvier à 6% en février.

 

Idem pour la proportion de chefs d'entreprises amenés à augmenter les prix de leurs devis : elle s'établit à 10%, ce qui correspond à son niveau d'avant-Covid, et 10% des sondés déclarent même avoir baissé leurs tarifs au mois de mars, soit le niveau le plus élevé depuis plus de cinq ans. "Le solde d'opinion sur les prix des devis, construit par différence des proportions de hausses et de baisses, modulées par l'intensité de la variation déclarée, devient de nouveau négatif, pour la première fois depuis mi‑2020", relève par ailleurs l'institution.

 

Les professionnels interrogés ont souvent mentionné la concurrence comme principal argument pour limiter la hausse de leurs devis. Ils sont ainsi 7% à envisager de relever leurs tarifs en mars, un niveau cependant inférieur aux services (+12%) ou à l'industrie (+9%).

 

Le gros-oeuvre embauche moins

 

Sur le front de l'emploi, 41% des entreprises, tous secteurs confondus, consultées par la Banque de France disent rencontrer encore des difficultés de recrutement. "Elles remontent légèrement dans les services (notamment la publicité) mais continuent de se replier dans le bâtiment, où elles restent toutefois les plus élevées comparativement aux deux autres grands secteurs", souligne l'institution.

 

Toutefois, du fait d'un manque de dynamisme et d'une activité en berne, certains segments, comme le bois ou le gros-oeuvre, sont aussi moins enclins à embaucher. Ce qui, par conséquent, réduit nettement plus ces difficultés, de l'ordre de 30 points.

 

Des carnets de commandes dégradés

 

 

D'une manière générale, les perspectives du premier trimestre 2024 ne sont guère réjouissantes. Après une nette baisse au quatrième trimestre 2023, l'activité du secteur de la construction diminuerait encore, mais plus légèrement, en ce début d'année.

 

Les professionnels espèrent que la remontée des permis de construire, notamment dans le collectif, et des mises en chantier de la fin d'année dernière leur redonneront un peu de souffle, bien que ce phénomène soit "probablement" dû à une "anticipation d'un renforcement des contrôles du respect des règles de construction neuve entrées en vigueur en janvier 2024". Selon la Banque de France, cela ne suffirait donc pas à compenser des carnets de commandes dégradés.

actionclactionfp