PROFESSION. Face au dérèglement climatique, les directeurs d'écoles nationales supérieures d'architecture veulent ouvrir davantage de formations en France. Ils craignent, en outre, une pénurie d'architectes.
C'est un cri du cœur. Les directeurs des vingt écoles nationales supérieures d'architecture (ENSA) ont signé le 2 décembre 2022 une tribune dans Le Monde pour alerter sur la profession d'architecte. Comme tous les professionnels, les architectes sont confrontés à l'adaptation de leur métier au changement climatique. Il faut néanmoins pouvoir former les jeunes à la transition écologique et cela nécessite, pour les directeurs, "un investissement massif dans l'enseignement de l'architecture". Selon eux, "l'acte de concevoir et de construire a plus que jamais un impact sur la sauvegarde de la planète Terre et de sa population". Ainsi, ils considèrent que la formation en architecture dépasse le simple enjeu professionnel. "C'est un enjeu sociétal et environnemental", affirment les signataires. Alors que le secteur du Bâtiment doit "se restructurer" pour s'adapter aux effets du dérèglement climatique, "les ENSA sont à même de porter des chaires industrielles permettant le développement de nouveaux matériaux et modes de construction, de valorisation des déchets ou de recyclage, ou encore de stratégies de réemploi".
Vers une pénurie de main d'œuvre ?
Les directeurs d'école craignent toutefois une pénurie d'architectes, entre l'âge moyen des architectes français (51 ans), et le faible taux de professionnels dans l'Hexagone. La France serait le pays européen qui compterait le moins d'architectes, avancent-ils. Les signataires pointent également le manque de progression des effectifs d'étudiants en architecture par rapport aux autres disciplines. Pourtant, la profession est attractive, les doubles cursus au sein des ENSA se sont multipliés, et le numérique et l'écoconstruction ont été inscrits dans la formation initiale, rappellent les responsables des établissements. Or, pour que les futurs architectes puissent répondre aux enjeux climatiques, les directeurs appellent "à un investissement massif dans les écoles d'architecture afin de former les futurs acteurs de la transition". Avec une enveloppe budgétaire supplémentaire, les écoles imaginent l'ouverture de nouvelles formations à l'architecture dans des régions "qui en sont dépourvues", comme en outre-mer ou en Centre-Val-de-Loire. La formation de plus d'étudiants à l'architecture est, selon elles, essentielle "pour partager une culture commune, et former plus d'architectes aux métiers d'avenir".
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