Qu'ils servent à la cartographie 3D, l'inspection d'ouvrages ou l'évaluation des quantités de matériaux, les drones font évoluer l'exploitation de sites industriels et la conduction de chantiers. De plus en plus d'acteurs font appel à des sociétés spécialisées qui, elles-mêmes, développent des services innovants. Tour d'horizon.
Les actualités professionnelles autour des drones civils se multiplient. Le 19 septembre dernier, les sociétés Azur Drones et Air Marine, deux pionnières de ces machines volantes, annonçaient avoir remporté le premier appel d'offres national concernant des prestations de services au profit d'acteurs publics, par le biais de la centrale d'achat UGAP. Un marché de grande ampleur qui nécessitait la constitution d'un groupement à deux sociétés complémentaires géographiquement, pour proposer des prestations de réalisation de relevés (cartographies 2D et 3D), d'émission de rapports (inspections thermiques, état de bâtiments et d'ouvrages d'arts) et de réalisation de prises de vues (photo et vidéo). Baptiste Vassor, expert technique de la centrale d'achat public, explique : "L'UGAP suit de près l'émergence de cette nouvelle filière depuis avril 2012, et, au regard de besoins identifiés dans le secteur public, de la structuration et de la maturité de l'amont industriel, nous avons décidé de lancer un appel d'offres dans le but de proposer aux personnes publiques des prestations à forte valeur ajoutée".
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Cartographie 3D des lignes électriques
Dans le même temps, une autre société spécialisée dans les drones civils, Delair-Tech, a mené une première expérimentation à grande échelle pour Enedis, le gestionnaire du réseau électrique. Elle a consisté à faire un survol de 500 km de lignes à haute tension (20.000 volts) entre l'Aveyron et le Lot, afin de reconstituer une vision 3D des infrastructures et de leur environnement végétal immédiat, et dresser l'inventaire des travaux d'élagage à réaliser. Car les chutes de branches lors de tempêtes, de chutes de neige ou d'orages, entraînent des microcoupures et des pannes qui nécessitent des interventions et qui ont un coût. Le test grandeur nature, mené par Delair-Tech pour évaluer la performance opérationnelle de son (petit) drone DT18 de seulement 2 kg, pourtant capable de s'éloigner de son pilote d'une distance de plus de 100 km ! La méthode, particulièrement rapide, permettrait de quadriller tout un réseau en peu de temps, sans recourir à des visites à pied, comme cela se fait actuellement, avec les risques que présentent certaines zones accidentées.
Exploitation facilitée des mines et carrières
Autre exemple, celui de la firme Redbird - qui doit prochainement fusionner avec la société californienne Airware - qui a signé un partenariat stratégique avec le groupe EPC, un spécialiste du forage-minage. Cette fois, les capacités des drones seront mises à profit pour suivre de manière précise l'évolution des activités de production menées dans des carrières, des mines et des chantiers de travaux publics nécessitant des excavations. Le but : obtenir un plan interactif 3D, remis à jour en continu, permettant d'analyser finement les matériaux abattus. Etalement, effet de vague, granulométrie de la couche superficielle du tir de mine… autant d'informations collectées par les engins en quelques minutes et traitées par des outils informatiques spécifiques. Le directeur technique du groupe EPC, Ricardo Chavez, relate : "L'utilisation de drones constitue un saut technologique dans ce sens, apportant davantage de précision et de facilité d'utilisation. Elle permet de plus d'obtenir rapidement une information post-minage sous la forme d'un modèle 3D du tas abattu. En liaison avec la plateforme cloud Redbird, ceci ouvre la voie à l'analyse et à l'optimisation des résultats de tir, afin d'améliorer la performance de l'ensemble de la chaîne de production". Le groupe Colas fait déjà usage de drones dans ses sites d'exploitation des matières premières depuis 2014.
Redbird et Airware annoncent qu'avec leurs technologies de traitement d'images et de gestion de données collectées par drone, ils sont capables de proposer aux gestionnaires de chantiers, mines ou carrières "de bénéficier d'analyses 100 fois plus détaillées, et disponibles 5 fois plus rapidement qu'auparavant". Ils estiment que les utilisateurs pourront collecter "jusqu'à 400 hectares de données aériennes haute résolution par jour et par drone" et produire des cartes détaillées de leurs sites d'extraction ou de construction. Vincent Amossé, le directeur général adjoint du groupe CB - Filière Granulats, dévoile : "Avant de travailler avec Redbird, nous avions besoin d'environ cinq jours pour examiner nos sites. Désormais, une fois que le drone a survolé nos carrières, je récupère les données de production le lendemain matin".
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Faciles à déployer, rapides et discrets dans leurs survols, capables d'atteindre n'importe quelle zone, les drones sont décidément les outils à tout faire des chefs de chantier.