FIBRE OPTIQUE. Comme la grande majorité des chantiers, les déploiements en cours se sont brutalement arrêtés depuis le début du confinement. L'Assemblée des départements de France souhaitent que les travaux reprennent et interpellent sur les risques d'un ralentissement.

Télétravail, école à domicile, communication d'urgence, loisirs, préservation du lien social… Tous ces usages passant par les télécommunications et les réseaux numériques ont explosé depuis le début du confinement, mi-mars. Mais toute la population ne bénéficie pas encore d'une qualité de réseau optimale et c'est le but poursuivi par le plan France très haut débit, qui promet une couverture du territoire en THD pour tous d'ici à 2022, dont 80% par de la fibre optique.

 

Problème : comme de nombreuses autres activités, et notamment comme la quasi-totalité des chantiers en France, les travaux de déploiement de fibre optique sont bien souvent suspendus. Interrogé par Batiactu fin mars, Etienne Dugas, président de la fédération Infranum, estimait que 70% de l'activité liée à ce déploiement était à l'arrêt. Les 30% restants tournant en mode très dégradé, avec une perte de productivité de l'ordre de 40%.

 

Forte diminution du rythme de production

 

Ce sont souvent les départements qui portent ces déploiements. Et ils observent aussi ce ralentissement, l'Assemblée des départements de France (ADF) notant dans un communiqué du 9 avril "une forte diminution du rythme de production de sites mobiles et de lignes de fibre optique jusqu'à l'abonné".

 

 

Les difficultés sont nombreuses, et concernent aussi bien l'accès aux services administratifs que l'approvisionnement, en passant par les problématiques liées aux déplacements et à l'hébergement, ou encore la mise au chômage partiel "faute de pouvoir apporter une bonne protection sanitaire aux personnels". Résultat : "un ralentissement de moitié des capacités de travail des bureaux d'étude, une instruction des demandes travaux parfois à l'arrêt, et une capacité de nouveaux déploiements réduite à un quart du rythme précédent et en décroissance régulière", estime l'ADF.

 

Nécessité d'une reprise

 

Inquiets de ce ralentissement, les départements estiment "indispensable que les entreprises des télécommunications et leurs salariés puissent poursuivre leurs activités". L'ADF formule ainsi plusieurs demandes. Tout d'abord, elle incite le gouvernement à "mettre en œuvre les mesures qui permettront de faciliter la reprise des chantiers", sans préciser davantage ses attentes cependant.

 

Par ailleurs, l'association demande aux opérateurs de "continuer la production, en s'assurant préalablement et prioritairement de la protection et la sécurité de leurs salariés et sous-traitants". Enfin, elle encourage les collectivités territoriales à "faciliter la continuité du déploiement des réseaux FttH et mobile, dans la mesure de leurs moyens". Ses adhérents sont souvent en première ligne dans ces dossiers, mais même si elles ne sont pas clairement évoquées, l'appel concerne également sans aucun doute les communes, qui délivrent notamment les autorisations de voirie.

 

Menaces en cas d'arrêt durable

 

Car arrêter ce chantier national, représentant plus de 20Mds€ d'investissement, c'est prendre le risque d'une déstabilisation de la filière. Le redémarrage pourrait alors être rendu complexe, et il faudrait de longs mois avant de retrouver le haut niveau de production enregistré avant la crise sanitaire. Par ailleurs, selon l'ADF, il faudra "être vigilant sur l'impact de ralentissements non seulement pendant la période de confinement mais également au-delà, du fait de la difficulté à remettre en marche l'ensemble des acteurs de cette filière industrielle"

 

L'enjeu est important rappelle l'ADF, estimant que "la situation de blocage actuel risque d'empêcher la réussite des efforts de rattrapage des déploiements pour réduire la fracture numérique". Avec donc la menace que les inégalités territoriales et sociales perdurent.

 

Intégrer le plan France THD dans le futur plan de relance

 

La fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) interpelle de son côté le gouvernement. Déjà inquiète du manque de moyens pour terminer la couverture numérique du territoire, elle tient à rappeler dans cette période particulière "l'urgence d'investir dans le THD, pour désenclaver les territoires les plus fragiles, dans une logique de péréquation, de solidarité et de cohésion, qui sont les fondements du service public". La fédération souhaite ainsi que le plan France très haut débit soit intégré "dans un nécessaire et indispensable plan de relance de l'économie française".

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