EN CHIFFRES. 8 entreprises sur 10 ne prévoient pas de croissance de leur activité durant la seconde moitié de l'année 2024, d'après un baromètre du Cabinet Arc. Les dirigeants sont aussi nombreux à réclamer des amendes plus lourdes contre les sociétés ne respectant pas les délais de paiement.

 

 

Le projet de loi simplification, auquel beaucoup d'organisations patronales s'étaient dites favorables, devient donc caduc. Si l'espoir d'un allègement des démarches administratives s'éloigne pour l'instant, celui d'une amélioration du contexte économique global ne s'installe pas non plus.

 

25% des entreprises ne pensent pas pouvoir faire face au remboursement cumulé de leurs créances

 

C'est ce que montre une étude réalisée par l'institut Ifop auprès de 200 entreprises de 50 salariés et plus (tous secteurs confondus) courant avril, et commandée par le Cabinet Arc, spécialiste de la gestion du poste client et de la recouvrement de créances. On y apprend notamment que 8 entreprises sur 10 ne prévoient pas de croissance de leur activité durant la seconde moitié de l'année 2024, soit 5 points de plus que l'échantillon interrogé au 1er trimestre.

 

Dans la même logique, 68% des patrons interrogés disent manquer de confiance dans l'avenir et se déclarent même convaincus que la situation économique de la France va se dégrader au cours des six prochains mois. La gestion de la trésorerie et les leviers de financement des entreprises continuent par ailleurs à inquiéter leurs dirigeants : un quart d'entre eux pensent ne pas pouvoir faire face au remboursement cumulé de leurs créances, PGE, investissements et autres factures.

 

77% considèrent les délais de paiement comme le premier moyen utilisé pour compenser les besoins de trésorerie

 

Ils sont 60% à craindre un désengagement des banques vis-à-vis des TPME qui n'auraient pas encore remboursé leur PGE utilisé. Plus d'un tiers des professionnels se disent par ailleurs inquiets d'une hausse des taux d'intérêt, tandis que 96% jugent que la conjoncture actuelle va inéluctablement engendrer une augmentation des dépôts de bilan chez leurs clients.

 

Dans de telles conditions, ils alertent de nouveau sur l'impérieuse nécessité de respecter les délais de paiement. "Ces derniers sont encore considérés à une très large majorité (77%) comme le premier moyen utilisé pour compenser les besoins de trésorerie", analyse Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc.

 

"Et si la plupart des grandes entreprises appliquent des pratiques vertueuses et que la stratégie de 'name and shame' permettant à l'État de dénoncer les contrevenants se veut dissuasive, certaines continuent d'user de leur position dominante pour imposer des conditions de paiement contraignantes à leurs fournisseurs, tant la sanction maximale actuelle est anecdotique, financièrement, pour elles", poursuit-il.

 

Définir les amendes des mauvais payeurs au prorata de leurs bénéfices

 

C'est pourquoi plus de 70% des entreprises réclament des sanctions plus lourdes - et donc plus efficaces - contre les mauvais payeurs. L'idée avancée serait que les amendes infligées par la DGCCRF soient proportionnelles aux résultats des sociétés épinglées. Une option d'autant plus urgente que la quasi-totalité des dirigeants sondés (97%) considèrent que les délais de paiement de leurs clients ne se sont pas améliorés au 1er trimestre, et qu'ils se sont même dégradés pour 17%.

 

 

Malgré cela, le projet de directive de la Commission européenne prévoyant de réduire de 60 à 30 jours le délai maximum de paiement ne convainc pas franchement les patrons français. "Les entreprises interrogées se montrent dubitatives", confirme Denis Le Bossé.

 

55% des PME refusent toujours de répondre à des appels d'offres émis par le secteur public de peur de ne pas être payées

 

"Nombre d'entre elles doutent que la mesure soit respectée et donc efficace, compte-tenu des pratiques actuelles et des retards de règlement auxquels elles font face aujourd'hui." Cette méfiance s'expliquerait également par les effets limités de la réglementation de 2008, qui a déjà introduit plus de souplesse dans les délais.

 

"Afin d'apporter à terme de la trésorerie aux entreprises, il est néanmoins nécessaire d'accentuer les démarches menant à une réduction des délais de paiement, réduction qui devra être progressive et se faire par pallier", préconise le président du Cabinet Arc. L'enjeu reste de taille : 55% des PME déclarent toujours refuser de répondre à des appels d'offres émis par le secteur public de peur de ne pas être payées dans les temps, voire pas du tout.

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