En 2014, les difficultés des entreprises en matière de délais de paiement sont restées tenaces. Ainsi, les défaillances liées aux retards de paiement ont augmenté de près de 7%, et tous les acteurs de l'Observatoire de réclamer une médiation efficace, ainsi qu'une accélération de la dématérialisation des factures. Détails.
Si Jean-Hervé Lorenzi, président de l'Observatoire des délais de paiement, a jeté l'éponge l'an dernier, faute de n'avoir pas été assez entendu, le sujet demeure un véritable fléau pour les entreprises. En effet, les défaillances d'entreprises de moins de 50 salariés ont encore augmenté de 6.9% ! Or, pour les petites structures, la première cause de défaillance est le retard de paiement de leurs factures, soulignent la CGI, le Codinf et l'AFDCC*, qui viennent d'organiser une table ronde sur ce thème.
Pierre Pelouzet, médiateur des relations inter-entreprises, avait déjà enfoncé le clou en janvier dernier : "Il est inacceptable que le non-paiement ponctuel des factures tue des entreprises !". De fait, il manque entre 10 à 15 milliards d'euros en retard de paiement, malgré l'application de la LME. Du coup, la sensibilisation des acteurs reste un enjeu majeur, car il y a urgence à faire respecter l'encadrement des délais de paiement.
La dématérialisation, solution miracle ?
Lors de la table ronde du 11 mars dernier, des constats ont été énoncés, des solutions ont été proposées. Une enquête réalisée pour l'occasion révèle ainsi qu'après un allongement significatif des délais de paiement au 3e trimestre 2014, il semble se réduire au trimestre suivant. Idem côté défauts de paiement, une légère détente s'opère au 4e trimestre, tandis que la situation de trésorerie marque un statu quo au dernier trimestre de 2014. Concernant les approvisionnements à la construction, on observe là aussi une légère détente en matière de délais de paiement, des défauts de paiement toujours élevés et des trésoreries toujours en situation de rupture.Partant de ce constat, les professionnels réunis ont proposé des pistes pour sortir de l'impasse. Ainsi, première solution : la dématérialisation des factures. "Le coût complet d'envoi d'une facture papier a été estimé à 11 €, mais à seulement 11 centimes d'euros pour un fichier .pdf", ont souligné les intervenants. Elle pourrait permettre de profiter de l'affacturage inversé, ajoutent-ils. "Mais attention aux coûts d'investissement, de maintenance et de financement", préviennent-ils. Accélérer ce dispositif est également une priorité pour Bercy, qui, à l'occasion d'une conférence sur la trésorerie des entreprises, a fait preuve d'une forte volonté en la matière. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a ainsi que cet outil permettra le respect de délais de paiement et qu'il concernera aussi les établissements et collectivités publiques.
Changer les mentalités
Autre mesure évoquée, la médiation des marchés publics, "une démarche gratuite et rapide qui pourrait donner de vrais résultats". Mais, aujourd'hui, le frein à la mise en paiement reste la complexité des démarches administratives. Là encore, la dématérialisation trouverait toute sa place."Briser le tabou des mauvais payeurs", "changer la culture et les mentalités", lutter contre les moratoires requis par les collectivités pour que l'entreprise n'ait pas un rôle de banquier, négocier des accords par filière, financer le besoin en fonds de roulement (BFR)à des petites structures (comme le prévoit la loi Macron, ndlr) ou encore dédommager automatiquement les créanciers… autant de propositions qui pourraient de nouveau faire qu'un nouvel Observatoire des délais de paiement voit le jour…
*Conférence organisée par la CGI (commerce interentreprises), l'AFDCC (association de Crédit Management) et le Codinf (maîtrise du risque), le 11 mars 2014. Tous trois sont membres de l'Observatoire des délais de paiement.
Le crédit interentreprises représente 635 Md€
Les retards de paiement représente 15 Md€, majoritairement au profit des grandes entreprises
Taux d'anomalie sur les délais de paiement : 41% (source DGCCRF)
15.000 défaillances d'entreprises en 2014 de manière directe du fait de retards ou défauts de paiement
Source : CGI