Le permis de démolir, qui a été accordé aux propriétaires du site d'une ancienne usine du XIXe siècle, fait débat à Meudon (92). Une association, qui voudrait en faire un lieu culturel, s'oppose à la décision de la justice au titre qu'il s'agit du «dernier bâtiment industriel» du Val de Seine.
Qu'adviendra-t-il de l'ancienne cartoucherie du XIXe siècle de Meudon (Hauts-de-Seine), située face à l'île Séguin ? Le bâtiment est le théâtre d'une bataille entre la mairie, qui a autorisé vendredi sa démolition, et l'association La Fabrique, qui milite pour transformer cette usine en lieu culturel. Selon l'association, l'usine Gaupillat vaut d'être préservée car elle est le «dernier bâtiment industriel du Val-de-Seine». Elle a d'ailleurs annoncé sa volonté d'engager une action en référé auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val d'Oise).
En juillet dernier, l'indivision Ader, propriétaire du lieu, avait déposé un permis de démolir qui avait fait l'objet d'un sursis à statuer. La mairie avait confié un audit au CAUE 92 (Conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement) qui disposait de six mois pour définir «les orientations architecturales et urbanistiques du site». Mais le 13 janvier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, saisi en référé par Ader, a enjoint le maire de Meudon à statuer sur la demande de démolition dans un délai d'un mois, sous peine d'une astreinte de 1.000 euros par jour de retard. Le tribunal a considéré que le sursis à statuer faisait «obstacle à la réalisation d'une promesse de vente» de l'ancienne usine dont «la valeur patrimoniale reste à prouver». Selon Hervé Marseille, le maire de Meudon, «il s'agit d'une usine désaffectée dont les propriétaires ont trouvé un acheteur. Le tribunal dit bien que rien ne prouve la valeur du site».
De son côté, La Fabrique continue son combat pour éviter la démolition. Après avoir recueilli près de 800 signatures, elle interpelle aujourd'hui le ministre de la Culture, «afin que celui-ci se positionne et prenne une instance de classement qui permettrait de geler tous projets durant un an et de sauvegarder à terme ce lieu unique», indique l'association.