CONJONCTURE. Les cessations d'activité ont continué à chuter au 3e trimestre 2021, avec 5.311 procédures tous secteurs confondus. Le BTP affiche une bonne santé relative, avec des segments aux situations très contrastées. Certains indicateurs continuent également de susciter de l'inquiétude.
Le niveau des défaillances d'entreprises continue de chuter : avec seulement 5.311 procédures collectives ouvertes tous secteurs d'activité confondus, les cessations d'activité ont encore enregistré un recul de 20,8% au 3e trimestre 2021 en comparaison à la même période un an plus tôt. Soit un volume de jugements "deux fois inférieur au niveau d'avant-Covid", relève l'étude du cabinet Altares.
Mais si la plupart des secteurs font preuve d'une certaine résistance, d'autres présentent des signes de fragilité qui inquiètent les spécialistes, d'autant que les redressement judiciaires de petites et moyennes entreprises comptant de 10 à 19 salariés bondissent dans le même temps de 30%. "Ce 3e trimestre 2021 vient en effet nous rappeler que les règles de l'économie et des échanges commerciaux se rétablissent progressivement au rythme de la fin du 'quoi qu'il en coûte'", commente Thierry Millon, directeur des études d'Altares. Selon lui, les tensions rencontrées par les entreprises "sont exacerbées par les difficultés d'approvisionnement, de recrutement et la reprise rapide qui alourdit les besoins de fonds de roulement".
Les constructeurs de maisons individuelles, les TP et les promoteurs dans la tourmente
Dans le secteur de la construction, la situation demeure très mitigée. Globalement, les défaillances d'entreprises s'y sont élevées à 1.339, en recul de 7,5%, et les liquidations judiciaires représentent 71,5% des jugements rendus. Si le bâtiment a profité globalement d'un retrait de 20,8% de ses défaillances d'entreprises entre juillet et septembre 2021, ce sont les segments de la construction et du second-oeuvre qui ont maintenu le dynamisme, avec respectivement -7,5% et -8%. Le nombre de redressements judiciaires enregistrées dans le second-oeuvre a néanmoins augmenté de 11%, signe d'une résistance relative. Le segment du gros-oeuvre voit aussi ses procédures baisser de 2%.
En revanche, les choses s'aggravent pour les constructeurs de maisons individuelles, dont les cessations d'activité ont progressé de 16%. Les travaux d'installation d'équipements thermiques et de climatisation, ainsi que ceux de menuiserie métallique et de serrurerie subissent quant à eux les plus fortes augmentations, avec respectivement +55% et +33% de défaillances sur la période. Les travaux publics et les promoteurs immobiliers sont également confrontés à de très mauvais chiffres : les procédures judiciaires de ces deux segments bondissent respectivement de 12% et de 21%.
Craintes autour du remboursement des PGE
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"Le dernier trimestre 2021 sera déterminant pour de nombreuses entreprises", prévient Thierry Millon. Bien que l'exécutif ait officiellement annoncé la fin progressive du "quoi qu'il en coûte" pour laisser la place à du sur-mesure, la conjoncture n'a pas encore digéré ce changement de paradigme du Gouvernement : "(...) si les aides financières s'étiolent et si le dispositif d'activité partielle revient peu à peu à la normale, la bienveillance des organismes sociaux, elle, demeure. Le recouvrement forcé et les assignations ne sont donc pour l'instant pas d'actualité. Or, environ un tiers des procédures de défaillance sont ouvertes sur assignation", complète le directeur des études d'Altares.
Lequel met enfin en garde sur l'amortissement des Prêts garantis par l'État (PGE), auxquels 690.000 entreprises avaient souscrit à la mi-septembre 2021 : "Le printemps 2022 s'annonce donc extrêmement tendu pour les entreprises qui ne seraient pas en mesure d'honorer les premières échéances. Peut-être seront-elles alors tentées de solliciter l'aide du tribunal pour restructurer le PGE dans le cadre d'une conciliation ou allonger la durée de remboursement avec un plan de sauvegarde ou de redressement. Les TPE et 'petites' PME en difficulté pourraient aussi envisager de recourir à la procédure de traitement de sortie de crise réservée aux entreprises fortement impactées par la crise sanitaire. Cette dernière, non-encore décrétée, pourrait toutefois s'avérer difficile à mettre en oeuvre pour des entreprises insuffisamment préparées", conclut Thierry Millon.