Malgré le ralentissement de l'activité de la construction en 2015, les quantités de déchets du BTP ont augmenté l'an passé. Federec, la fédération des entreprises du recyclage, fait le point sur les volumes, l'origine et la typologie de ces matériaux destinés à être valorisés.
La thématique du retraitement des déchets du bâtiment et des travaux publics est de plus en plus présente dans les démarches des entreprises du secteur. Face à des exigences environnementales de plus en plus fortes, elles s'organisent pour collecter, trier et recycler les matériaux issus des chantiers. Erwan Le Meur, président de Federec BTP, dévoile les bons chiffres de la campagne 2015 : "39,2 millions de tonnes ont été collectées en 2015, soit un million de tonnes de plus qu'en 2014. Ces volumes en hausse de +2,6 % montrent que la collecte progresse significativement contrairement à l'activité du bâtiment (-3 %)".
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Mais quels sont exactement les matériaux issus du BTP ? "L'origine des déchets est la suivante : 25,4 millions de tonnes provenant de démolitions/déconstructions, 11,3 Mt provenant de réhabilitations/entretiens, et 2,3 Mt provenant de la construction neuve", détaille-t-il. Les chantiers de construction à proprement parler ne génèrent donc que 6 % de l'ensemble des déchets du secteur, la très vaste majorité étant issue des opérations de démolition et de rénovation. Concernant la répartition des déchets en trois catégories, ils sont classés "inertes" dans 72 % des cas, "non dangereux" à 26 % et "dangereux" (pour l'amiante notamment) à hauteur de 2 %.
La question des chantiers du Grand Paris
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Selon une analyse plus fine, il ressort que l'essentiel des déchets du BTP est constitué de béton et d'autres matières inertes en mélange (71 %). "Nous travaillons à la sortie du statut de déchet des granulats", fait valoir Erwan Le Meur, pour faire progresser la part de matière recyclée dans les nouveaux bétons. "Environ 14 % des déchets sont des gravats en mélange avec des déchets non dangereux", poursuit-il. Viennent ensuite différents matériaux bien identifiés, et dont les filières de recyclage sont abouties : plâtre (5 %), bois (4 %) et métaux (3 %). Recylum, qui a mené l'initiative Démoclès, entre 2014 et 2015, soulignait récemment que le taux de valorisation de ces déchets était toutefois encore en-deca de ce qu'il devrait être, pouvant atteindre les 80 % sans surcoût.
Car la collecte et le recyclage des déchets à un coût : le chiffre d'affaires de la branche des entreprises Federec BTP est estimé à 1,7 Mrd € en 2015. Erwan Le Meur précise : "La reprise de la construction neuve devrait entraîner une hausse en 2016". Du côté des travaux menés par la fédération, il annonce que des discussions sont en cours, avec la FNBM et la CGI, qui ont saisi le Conseil d'Etat pour faire annuler le décret obligeant les distributeurs de matériaux à reprendre les déchets correspondants. "Le but c'est d'avancer sur le terrain pour trouver une solution avec eux", rassure le président de Federec BTP. Autre chantier de 2016, celui mené avec la société du Grand Paris, autour du recyclage des déblais et terrassements de gares du futur Grand Paris Express. "Un appel à projets a été lancé, Federec va se positionner", poursuit-il. Enfin, la fédération précise travailler à l'établissement d'un label pour promouvoir la qualité environnementale des plateformes de retraitement. Concernant plus spécifiquement l'Île-de-France - qui représente tout de même 9,5 Mt de déchets annuels du BTP soit 24 % du gisement national - les professionnels pensent nécessaire d'appliquer les objectifs du plan régional de prévention et de gestion des déchets, attaqué par le préfet Carenco.