CONJONCTURE. Les chefs d'entreprises artisanales du bâtiment sont plus nombreux en ce mois de janvier 2020 à signaler une baisse de leur activité. Ils restent toutefois optimistes sur leurs carnets de commandes mais pessimistes sur les perspectives du secteur de la construction, tout comme les entreprises de travaux publics. Le moral semble à peine plus favorable chez les promoteurs immobiliers.
L'opinion des artisans du bâtiment sur leur activité récente dégringole, les entrepreneurs de travaux publics ne sont pas optimistes quant à leurs perspectives d'activité et les promoteurs immobiliers affichent une confiance toute relative. C'est ce que nous apprennent trois enquête trimestrielles de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), publiées ce 24 janvier 2020 et portant sur le moral de ces différents secteurs d'activité au cours de ce premier mois de la nouvelle année. En janvier 2020, les chefs d'entreprises artisanales du secteur ont en effet été plus nombreux à déclarer une baisse de leur activité. Le solde d'opinions a enregistré une nouvelle diminution (-7%), plus importante qu'en octobre 2019 (+2%), et repasse de fait en-dessous de sa moyenne de longue période (-5%). Malgré cela, les artisans demeurent optimistes sur leur activité des trois prochains mois : sur cet indicateur, le solde d'opinion progresse (+8% après -3%) et s'éloigne de sa moyenne de longue période (-8%). Mais la morosité revient vite à la charge : les chefs d'entreprises sont moins confiants qu'en octobre dernier sur les perspectives du secteur de la construction pour la nouvelle année (+2% après +5%). Bien que le solde d'opinion recule, il reste quand même supérieur à sa moyenne de long terme (-19%).
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Sur le front de l'emploi, les artisans du secteur sont moins nombreux (+1% après +3%) à envisager d'accroître leurs effectifs au cours du prochain trimestre. Ils ont été en revanche plus nombreux qu'en octobre 2019 (-3% après -4%) à avoir augmenté le nombre de leurs collaborateurs entre octobre et décembre derniers. Les difficultés de recrutement demeurent importantes dans la profession : en janvier 2020, 55% des chefs d'entreprises ont rencontré des problèmes d'embauche, une proportion qui s'avère stable par rapport à octobre 2019 mais largement supérieure à sa moyenne de longue période (+41%). Ils sont par ailleurs 37% à former des apprentis, une part qui diminue légèrement par rapport à octobre (+38%).
Légère bouffée d'air sur les difficultés de recrutement des entreprises de travaux publics
Le tableau n'est guère plus rose du côté des entrepreneurs de travaux publics : toujours au mois de janvier 2020, ils ont été un peu moins nombreux qu'en octobre 2019 à enregistrer une hausse de leur activité durant le dernier trimestre (+21% après +23%). L'Insee fournit des indicateurs plus précis : dans le détail, le solde d'opinion de la clientèle privée recule légèrement (+15% après +18%), alors que celui de la clientèle publique se stabilise (+12%) après avoir connu une chute entre juillet et octobre (+29%). Les perspectives sur l'activité 2020 sont cependant moins florissantes : les chefs d'entreprises de travaux publics sont moins nombreux qu'au mois d'octobre dernier à prévoir une augmentation de leur activité pendant les trois prochains mois (-4% après +14%), et ce pour le cinquième trimestre consécutif - c'est particulièrement vrai pour les clients publics (-13% après +4% contre -1% après +8% pour les clients privés). Les professionnels du secteur sont globalement moins nombreux à juger leurs carnets de commandes bien remplis (+10% après +20%), mais ce solde d'opinion reste largement supérieur à sa moyenne de longue période (-24%).
Côté emploi, les entreprises de TP ont pu bénéficier d'une légère bouffée d'air sur les difficultés de recrutement. En ce mois de janvier, 40% d'entre elles ont tout de même déclarées être pénalisées par un manque de main-d'oeuvre, mais le goulot d'étranglement se desserre dans la mesure où cette part a diminué en janvier, après déjà une autre diminution en octobre (+46%). Mais elle demeure bien au-dessus de sa moyenne de longue période (+16%). Et l'année qui commence ne semble pas apporter de bonne nouvelle dans ce domaine : les entrepreneurs sont un peu moins nombreux (+17%) qu'en octobre (+20%) à envisager des recrutements lors du prochain trimestre ; un indicateur en recul pour le troisième trimestre d'affilée, mais toujours nettement supérieur à sa moyenne de longue période (-13%).
Des doutes sur le financement des acquéreurs immobiliers
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La dernière étude trimestrielle de l'Insee porte sur le moral des promoteurs immobiliers, lesquels semblent en revanche un peu plus confiants sur leur activité. En janvier, leur solde d'opinion sur la demande de logements neufs s'améliore (-5% après -9%), celui des perspectives de mises en chantiers pour les trois prochains mois est stable (-7%), au même niveau que sa moyenne de longue période : plus précisément, l'indicateur des logements destinés à la vente s'accroît timidement (-14% après -15%), alors que celui des logements destinés à la location se stabilise (+5%). Parallèlement, davantage de promoteurs indiquent une augmentation de leurs stocks de logements invendus (-27% après -30%).
Ils sont également plus nombreux qu'en octobre 2019 à affirmer que les logements neufs mis en vente ont connu une hausse de leur prix moyen : l'indicateur qui y est relatif est stable (+23%) et à son plus haut niveau depuis avril 2017, bien au-dessus de sa moyenne de longue période (+5%). S'agissant du financement, les promoteurs immobiliers sont légèrement moins nombreux à estimer que l'apport personnel des candidats à l'achat d'un logement neuf a progressé (-11% après -10%) - l'indicateur reste quand même au-dessus de sa moyenne de long terme (-20%). De même, ils sont moins nombreux qu'au trimestre précédent à considérer que les moyens de financement consacrés aux acquisitions de logements neufs augmenteront durant le prochain trimestre (-5% après +1%), mais là encore le chiffre est bien plus élevé que la moyenne de longue période (-21%).