CONJONCTURE. Les entreprises artisanales du bâtiment ont enregistré une croissance timide de 0,5% au 4e trimestre 2019, ce qui porte l'augmentation annuelle de leur activité à 1,5% en volume. Une situation qui correspond de surcroît à une fin de cycle économique, ce qui laisse présager d'une année 2020 encore moins dynamique.

L'artisanat a connu une fin d'année morose. Dans sa note de conjoncture trimestrielle, la Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment (Capeb) relève que l'activité a connu un fort ralentissement sur les trois derniers mois de 2019 : la croissance n'y a été que de 0,5%, après avoir enregistré +2% sur les trois premiers trimestres. Ce qui fait retomber la croissance annuelle à 1,5% en volume, alors qu'elle s'était chiffrée à 2,5% en 2018. "La croissance de l'activité de l'artisanat du bâtiment a fortement ralenti au 4e trimestre 2019, avec +0,5%, par rapport au 4e trimestre de l'année 2018... et ce malgré un taux de chômage en baisse, des taux d'intérêt attractifs et un nombre de transactions historiquement important !", déplore Patrick Liébus, le président de la Capeb. Une situation qui coïncide avec une fin de cycle économique : en effet, le secteur a connu une décroissance entre 2011 et 2015, période qui s'est pourtant enchaînée avec un cycle de croissance entre 2016 et 2019. Parallèlement, les prix ont continué d'augmenter mais moins vite que les coûts, et seulement 12% des entreprises ont déclaré au final une baisse de leurs marges.

 

 

Le neuf s'essouffle, l'entretien-rénovation ne décolle pas

 

Dans le détail, on retiendra que la construction s'essouffle progressivement depuis 2016, avec seulement 1% de progression au 4e trimestre 2019, contre 4% à la même période un an auparavant. Il faut dire que 441.900 logements ont été autorisés à la construction, et 409.800 ont été mis en chantier, soit des baisses respectives de 5,1% et 3,3% par rapport au 4e trimestre 2018. Un ralentissement qui pèse sur les professionnels et qui devrait continuer dans les prochains mois. Dans l'ancien, l'activité ne se porte guère mieux, avec une activité entretien-rénovation qui n'a enregistré que +0,5%, soit son niveau de croissance le plus faible depuis 2017 et ce, en dépit d'un niveau de transactions jugé historique - le million a été dépassé à la fin du mois de novembre 2019. La Capeb souligne toutefois que les travaux d'Amélioration de performance énergétique du logement, ou Apel, ont progressé de 1%, à l'image de leurs performances du 4e trimestre 2018, mais ont malgré tout subi une importante baisse en comparaison aux trois premiers trimestres de 2019. Pour Patrick Liébus, "ce ralentissement s'explique notamment par l'attentisme des clients face aux mesures d'aide aux travaux de transition énergétique ainsi que par le ralentissement global de la croissance du pays".

 


Tous les corps de métiers sont impactés et la trésorerie est toujours en difficulté

 

La Capeb indique dans sa note de conjoncture que l'ensemble des corps de métiers subit ce refroidissement de l'activité : durant le 4e trimestre 2019, la maçonnerie s'est repliée de 0,5%, tandis que les segments de l'électricité et de la couverture-plomberie-chauffagerie ont profité du dynamisme le plus flagrant, avec +1,5%. Bonnes performances aussi du côté de l'aménagement-décoration-plâtrerie, qui a enregistré +1%, alors que la menuiserie-serrurerie n'a augmenté que de 0,5%.

 

De plus, la trésorerie des entreprises poursuit sa détérioration : le solde d'opinions des chefs d'entreprises artisanales repasse dans le rouge pour s'établir à -2 points. Au cours des trois derniers mois de 2019, 14% des structures interrogées ont déclaré une aggravation de leurs trésorerie, contre 12% qui ont indiqué une amélioration. De même, 12% des entreprises ont vu leurs marges se rétracter, 10% une hausse, soit un solde d'opinions de nouveau négatif de -2 points là encore, ce qui représente aussi une baisse par rapport au trimestre précédent (1 point).

 

Concernant les carnets de commandes, la baisse est significative dans la construction : en moyenne, ils sont de 75 jours de travail au 4e trimestre 2019, soit un jour de moins qu'un an auparavant et trois jours de moins qu'au trimestre précédent.

 


Du côté de l'emploi, la Capeb précise que 17% des entreprises artisanales du bâtiment ont cherché à embaucher durant le second semestre 2019. Environ un tiers d'entre elles (exceptées les entreprises artisanales de 0 salarié) ne sont d'ailleurs pas parvenues à satisfaire leurs besoins de main-d'oeuvre. En ce mois de janvier 2020, le nombre d'artisans souhaitant recruter est encore légèrement supérieur au nombre d'entreprises envisageant de licencier ou de ne pas renouveler des contrats : 88% des entreprises prévoient de maintenir l'emploi à son niveau actuel au premier semestre 2020 (contre 80% au premier semestre 2018) et 7% pensent embaucher des salariés supplémentaires (contre 12% un an avant). Seuls 5% des chefs d'entreprises envisagent de licencier ou de ne pas renouveler certains contrats au premier semestre de cette année.

 

 

Hausse de l'activité sur la façade atlantique et en Auvergne-Rhône-Alpes, récession pour la région parisienne

 

En termes d'activité régionale, le ralentissement de la croissance a été observée pour une majorité de régions au 4e trimestre 2019 : le chiffre d'affaires des artisans est stable en Bourgogne-Franche-Comté et en Occitanie (0%), mais en hausse en Normandie et Pays-de-la-Loire (+1,5%) ainsi qu'en Bretagne et Nouvelle-Aquitaine (+2%). Certaines évolutions s'avèrent même supérieures à la moyenne nationale, comme par exemple en Auvergne-Rhône-Alpes (+1,5%), en Centre-Val-de-Loire et dans le Grand Est (+1%). L'activité a cependant reculé dans les Hauts-de-France, en Provence-Alpes-Côte-d'Azur ainsi qu'en Île-de-France, certainement perturbée par la grève des transports contre la réforme des retraites du gouvernement Philippe.

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