POLITIQUE. Rachida Dati a officiellement pris les rênes du ministère de la Culture. Batiactu a obtenu des réactions des représentants des architectes à ce sujet.
Les architectes ont une nouvelle ministre. Rachida Dati a été nommée ministre de la Culture, au sein du gouvernement de Gabriel Attal, suite au remaniement ministériel du 11 janvier 2024. Lors de la passation de pouvoir entre Rima Abdul Malak et l'ancienne garde des sceaux, ce vendredi 12 janvier, l'actuelle maire du VIIe arrondissement de Paris s'est dite "émue et fière" d'avoir été nommée à ce poste par le chef de l'État, Emmanuel Macron. La nouvelle locataire de la rue de Valois a assuré qu'elle serait "toujours là pour défendre [l']exception culturelle" française.
Elle a également promis de "s'intéresser de près" au patrimoine de Paris, "et en particulier à la réalisation de ce formidable défi qu'avait lancé le président de la République en 2019 : la réouverture de Notre-Dame de Paris cette année". Elle a également assuré qu'elle rendrait la culture "encore plus présente dans toutes les villes et les régions, dans tous les territoires. Il nous faut bâtir une nouvelle culture populaire pour tous, des quartiers à la ruralité." Un travail qui ne peut se faire, selon l'ancienne ministre du gouvernement de Nicolas Sarkozy, sans les collectivités territoriales de métropole et d'outre-mer. Pas un mot, cependant, à destination des architectes.
Apporter des réponses à la crise climatique
Sa prédécesseuse, Rima Abdul Malak, saluée par Rachida Dati, a, elle, rappelé ce qu'elle avait pu "accomplir" lors de ses 20 mois au ministère : l'achèvement de chantiers "majeurs", dont la BNF Richelieu et la transformation du Château de Villers Cotterêts en Cité internationale de la langue française. Elle a également déclaré avoir "redoublé d'efforts pour nos écoles d'architecture, qui sont de véritables pépites pour l'avenir".
Contactée par Batiactu, la présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes, Christine Leconte, a tenu à saluer l'action de Rima Abdul Malak, "qui a permis aux écoles nationales supérieures d'architecture (Ensa) de voir leurs budgets réévalués à la hausse après une période de crise sans précédent. Elle a également remis sur la table la stratégie nationale pour l'architecture, qui est en cours de réécriture."
La représentante des architectes appelle à présent Rachida Dati à poursuivre le travail déjà engagé par son ministère. "L'architecture propose des solutions aux trois crises que nous traversons collectivement : le dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité et la pénurie des ressources. L'architecture de notre vie quotidienne, de notre histoire, de notre culture et de notre avenir est trop souvent mise de côté, oubliée par les politiques publiques. Les architectes français comptent sur leur nouvelle ministre pour porter haut et fort la nécessité d'une architecture de qualité, durable et désirable au service de tous."
Quid de la crise du logement ?
De son côté, la présidente de l'Unsfa (Union des architectes), Laure-Anne Geoffroy Duprez, a souhaité exprimer les attentes de la profession. Tout comme Christine Leconte, la porte-parole du syndicat a indiqué qu'elle souhaitait que les efforts du ministère se poursuive. L'administration a récemment "enfin porté une vision économique des agences d'architecture avec l'Observatoire de l'économie de l'architecture". "La question de la valeur du travail des architectes est très importante et nous aimerions que cette considération perdure, tout comme le soutien financier aux Ensa", a affirmé la présidente de l'Unsfa, jointe par Batiactu.
Le syndicat compte rencontrer la nouvelle ministre pour lui faire des propositions, notamment sur la formation. Il veut aussi revenir sur la question de la rénovation énergétique. "Nous encourageons les rénovations globales, et l'embauche d'architectes comme mandataires de groupements pour la rénovation de bâtiments publics." L'organisation attend "une ministre forte" qui engage des actions en faveur de la transition écologique et du logement.
À ce sujet, le gouvernement est resté discret sur l'avenir du ministère du Logement. Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, n'a pas annoncé, le 11 janvier, de nomination au poste de ministre ou de délégué. "La crise du logement annonce des années difficiles pour les agences d'architecture. La profession doit être réactive et le ministre devra être à l'écoute pour que nous puissions traverser cette période le mieux possible", estime Laure-Anne Geoffroy Duprez. "Le fait qu'il n'y ait pas de ministère de plein exercice du Logement nous semble un mauvais message. Au vu de la conjoncture et des alertes des professionnels depuis plus d'un an, ne pas positionner le logement comme l'un des ministères principaux est le signe que ce n'est pas un sujet pour le gouvernement. C'est nier complètement la crise actuelle."
à lire aussi