PAROLES D'ARCHITECTES. La directrice du studio parisien de Grimshaw, Alice Barrois, livre ses réflexions pour une architecture plus durable. L'antenne a mis en place une stratégie environnementale et affirme avoir atteint la neutralité carbone de ses activités en 2020.


Quel est le point commun entre la gare Euston de Londres, le musée d'art contemporain Arter à Istanbul et le pavillon "Terra, le pavillon du Développement Durable" de l'Exposition universelle 2020 à Dubaï ? Une agence d'architecture iconique : Grimshaw. Le cabinet fondé à Londres en 1980 par Nicholas Grimshaw est à l'origine de nombreuses conceptions à travers le monde, dans les secteurs du transport, de l'industrie, des bureaux mais aussi de l'habitat, de l'enseignement et de la culture. Aujourd'hui, l'agence possède un éventail d'antennes dans le monde à New York, Melbourne (Australie), Sydney, puis à Dubaï, Los Angeles, Paris, Auckland (Nouvelle-Zélande) et Shenzhen (Chine). Au total, 550 collaborateurs œuvrent au sein de ces cabinets qui promeuvent la conception bioclimatique, la modularité et la flexibilité des bâtiments et ouvrages. L'agence parisienne, encore jeune, est dirigée par une architecte convaincue de la nécessité de prendre en compte la crise climatique. Après quatre années passées dans les bureaux des antennes de Londres et Melbourne, la Française Alice Barrois a pris la direction du studio à Paris. Rencontre…

Batiactu : Pour quelles raisons Grimshaw a choisi d'ouvrir une antenne à Paris ?

Alice Barrois : Pour travailler sur deux gares du Grand Paris Express (GPE), celles de Mairie d'Aubervilliers et Fort d'Aubervilliers. [Le groupe international de conseil, d'ingénierie de la construction et d'exploitation] Egis nous a proposés, en 2016, de nous associer avec eux pour constituer un groupement de maîtrise d'œuvre pour la conception de ces gares sur l'ancienne ligne 15 Est. Nous avions besoin d'avoir une équipe sur place, et nous nous sommes installés dans les bureaux d'Egis. Nous avons par la suite perdu le contrat lorsque la SGP a relancé le marché de la ligne 15 Est en conception-réalisation mais nous sommes cette année lauréat de la ligne 15 Ouest sur la gare de La Défense.

Racontez-nous votre parcours personnel…

J'ai été diplômée de l'École d'architecture de la ville & des territoires Paris-Est [anciennement Marne-la-Vallée] en 2013. En parallèle de mes études, durant trois ans, j'ai travaillé au sein d'agences parisiennes sur des opérations de logements et d'établissements scolaires. Je m'intéressais à la conception environnementale, qui n'était pas assez développée, à l'époque, en école d'architecture. Il y avait quelques cours sur le sujet dont j'ai d'excellents souvenirs mais l'intégration de ces questions environnementales dans nos projets et dans notre quotidien manquait.
Parce que les cours étaient parfois trop théoriques et que j'avais besoin de concret, je me suis formée à la taille de pierre au sein de l'association spécialisée dans la restauration de patrimoine Rempart. C'est cela qui m'a fait m'intéresser à l'architecture, à la question des matériaux, du chantier, du terrain et de comment on construit. Je me suis ensuite lancée dans une autre formation, le DPEA Architecture Post-Carbone imaginé par Raphaël Ménard, aujourd'hui président du directoire d'AREP, et Jean François Blassel. La formation a répondu à beaucoup de mes attentes et m'a donné envie de partir à l'étranger pour voir comment on conçoit et construit ailleurs.

C'est à cette époque que vous avez intégré les bureaux londoniens de Grimshaw…

Oui, je suis restée presque quatre ans à l'étranger. Durant ma première année en Angleterre, j'ai travaillé sur la réhabilitation d'un site industriel à Norwich, qui rassemble une centrale de biomasse avec un réseau de chaleur, des logements et des bâtiments de recherche. Le programme, mixte, réunit des sujets urbains, industriels et des problématiques environnementales, soit toutes les thématiques sur lesquelles je souhaitais travailler. Je suis ensuite partie travailler quelques mois à Melbourne (Australie) pour collaborer sur le projet de réhabilitation d'un terrain de golf transformé en logements, et situé près de la Yarra Valley. À mon retour en Angleterre, j'ai travaillé des projets de bureaux, de réhabilitation et de sites de recherche universitaire.

Quelle raison vous a poussée à revenir en France ?

J'ai choisi de rentrer pour réfléchir au projet de la ligne 15 Est du Grand Paris Express. Grimshaw a ensuite voulu solidifier les activités de l'agence
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