Batiactu : Autre grande tendance, la ville durable. Cette expression n'est-elle pas galvaudée ?
F. G : La préoccupation du développement durable est arrivée en France avec un petit décalage par rapport aux pays du Nord. On a essayé de rattraper notre retard par le vocabulaire : éco-quartier, etc. On constate d'ailleurs que, depuis 15 ans, des progrès réels dans les économies d'énergies, la gestion de l'eau ont été réalisés. Finalement, ce terme de ville durable est une manière de sortir de la notion d'éco-quartiers et de l'idée de vitrine. L'objectif est de montrer qu'il ne faut pas se satisfaire de petits bouts de quartiers récents, et que les enjeux concernent la ville toute entière. Souvent on accorde une place excessive à la part du neuf dans l'histoire de la ville, or elle bouge déjà beaucoup : la démographie, les comportements, la gestion de l'espace public changent etc., et ce, dans toute la ville. On sous-évalue bien souvent la ville existante.
F. G : La préoccupation du développement durable est arrivée en France avec un petit décalage par rapport aux pays du Nord. On a essayé de rattraper notre retard par le vocabulaire : éco-quartier, etc. On constate d'ailleurs que, depuis 15 ans, des progrès réels dans les économies d'énergies, la gestion de l'eau ont été réalisés. Finalement, ce terme de ville durable est une manière de sortir de la notion d'éco-quartiers et de l'idée de vitrine. L'objectif est de montrer qu'il ne faut pas se satisfaire de petits bouts de quartiers récents, et que les enjeux concernent la ville toute entière. Souvent on accorde une place excessive à la part du neuf dans l'histoire de la ville, or elle bouge déjà beaucoup : la démographie, les comportements, la gestion de l'espace public changent etc., et ce, dans toute la ville. On sous-évalue bien souvent la ville existante.
Batiactu : Où se situent les habitants dans cette nouvelle organisation urbaine ?
F. G : La concertation a pris beaucoup d'ampleur. Mais cela reste différent d'une ville à l'autre en fonction de la volonté politique. Il y a des villes en pointe comme Angers où l'on organise des réunions publiques, où on laisse le soin aux habitants de s'exprimer avant même de choisir les équipes de travail. Cependant, il y a encore certains élus qui se montrent frileux. En ce qui me concerne, je suis pour tout montrer, je n'y vois que des avantages.
Batiactu : On observe de nombreuses créations de ZAC, que peuvent-elles apporter aux villes ?
F. G : Elles n'ont aucun intérêt en tant que telles. Elles ne représentent qu'une procédure juridique. Mais elles permettent de gérer un bilan : dépense pour les équipements de voirie, réseau, etc. Elles ont une utilité pratique mais il faut être vigilant à ne pas les suraménager et se préoccuper de ce qu'il y a en dehors de cette zone. Une ZAC n'est pas synonyme de nouveau quartier. A Batignolles par exemple, c'est la rencontre de plusieurs quartiers.
Batiactu : Pour terminer, rêvons un peu et projetons-nous dans une trentaine d'années, à quoi pourrait ressembler la ville ?
F. G : Tout n'avance pas à la même vitesse. Ce qui change le plus, ce sont les modes de vie : les façons de se déplacer, les relations entre les gens, les liens de voisinage etc. Et ce qui change le moins, c'est le territoire, les tracés de rues, de voiries, les infrastructures, le bâti. Ce qu'il faut défendre, c'est la singularité des lieux et notre métier est d'y travailler. Attention, je ne parle pas de faire du pittoresque mais de pousser les architectes à faire des choix adaptés au territoire.
Depuis 1992, François Grether et son équipe s'attèle à la conception d'importants projets urbains dans de nombreuses villes et sites remarquables tels Clichy-Batignolles, Euralille, Amiens Quartiers Nord, Lyon Confluence, Gerland, Boulogne-Billancourt Ile Seguin, Besançon, etc. Depuis avril 2012, il est aux commandes du projet de reconquête des Berges de Maine à Angers. Auparavant, il a exercé son activité au sein de services publics. En 1968 et 69, il est architecte-urbaniste en Algérie pour le compte du ministère de l'Intérieur ; de 1970 à 1992, il est responsable d'études à l'Atelier Parisien d'Urbanisme (APUR), et de 1972 à 1978, il dirige les études pour l'aménagement du secteur de La Villette. Il a reçu le Grand Prix de l'urbanisme 2012.