L'Insee a publié les chiffres des créations d'entreprises en 2012 : si le nombre est stable, à environ 550.000, la tendance est à la baisse. Les secteurs les plus touchés sont ceux du soutien aux entreprises et des activités immobilières. Le succès du statut d'auto-entrepreneur lui-même connait un ralentissement. Eclairage avec Guillaume Cairou, président du Club des Entrepreneurs.

Les chiffres de création d'entreprises ont été publiés par l'Insee au moement même où le gouvernement lance les Assises de l'entreprenariat. En 2012, ce sont près de 550.000 créations qui ont été enregistrées, un chiffre stable par rapport à celui de 2011. Mais dans le détail les données sont plus préoccupantes. Ainsi, le nombre cumulé de créations au cours du dernier trimestre de l'année a été en baisse par rapport au même trimestre un an auparavant (-2,8 %). Et les secteurs qui ont le plus contribué à cette baisse ont été le soutien aux entreprises et les activités immobilières, illustrant le ralentissement ressenti.

 

Parmi les 550.000 créations d'entreprises, plus d'une création sur deux est une demande d'auto-entreprise (307.500 dossiers). Guillaume Cairou, le p-dg du groupe de portage salarial Didaxis et président du Club des Entrepreneurs, déclare : "Je salue le fait que les Français continuent de créer des entreprises. Mais ces chiffres cachent une vérité qu'il ne faudrait pas camoufler : (…) un peu plus de la moitié de ces créations ne sont le fait que des auto-entrepreneurs. Cela montre une nouvelle fois le formidable engouement des Français pour le régime mis en place le 1er janvier 2009. Ensuite, ces chiffres révèlent que le seuil de vigilance est atteint". Car le mois de décembre 2012 a enregistré le niveau le plus faible de créations d'auto-entreprises depuis son instauration : moins de 17.600 demandes contre 24.800 en novembre et 30.900 en octobre. Pour le président du Club des Entrepreneurs, il s'agit d'un effet de l'amoindrissement des avantages du régime, notamment fiscaux, décidés par le gouvernement.

 

La construction touchée
Dans le domaine de la construction, les créations sont passées sous les 6.000 demandes, un seuil jamais atteint depuis la création du statut d'auto-entrepreneur. Là encore, la tendance est à la baisse constante, avec 5.400 naissances d'entreprises en décembre 2012, 6.700 en novembre et 7.700 en octobre. Cependant, en analysant le glissement annuel du cumul brut sur 12 mois, le nombre de créations est tout de même supérieur en 2012 (+3,1 %).

 

Selon Guillaume Cairou : "Si plus des 3/4 des entreprises françaises ont entre un et trois salariés, c'est aussi et avant tout, parce que le dynamisme entrepreneurial en France est encore majoritairement le fait de salariés précarisés : chômeurs, quinquagénaires et femmes ayant choisi d'élever leurs enfants". Il appelle donc à des changements visant à favoriser l'émergence de nouvelles formes entrepreneuriales et au législateur à se mettre au service des créateurs d'entreprises, le seul moyen selon lui de renouer avec la croissance.

 

Les auto-entrepreneurs attachés au statut :
Interrogés sur leur statut par Evo-Portail (site d'accompagnement), 700 auto-entrepreneurs ont donné leur sentiment : 90 % se déclarent attachés à ce modèle économique sans lequel ils n'auraient pas créé leur entreprise. Dans l'avenir, 40 % désirent opter pour un régime de droit commun après avoir validé leur expérience d'auto-entreprenariat, mais 50 % abandonneront leur activité si la souplesse et la simplicité fiscale venaient à être modifiées profondément. Selon l'enquête, 31 % des sondés auraient généré un chiffre d'affaires annuel de plus de 10.000 € et 24 % entre 1.000 et 5.000 € de CA. Un tiers des auto-entrepreneurs exercent dans les services aux entreprises, 25 % dans les services à la personne, 22 % dans l'artisanat et 19 % dans le commerce.

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