ÉTUDE. C'est le principal enseignement d'une étude de Xerfi sur le marché de la construction bois et ses évolutions à l'horizon 2021. Les analystes tablent sur un repli du chiffre d'affaires des entreprises du secteur dans les années qui viennent, et sur la nécessaire diversification de leur activité. Détails.
Coup de bambou en vue pour la filière bois ? Selon une étude du cabinet Xerfi, spécialisé dans les études économiques par secteur d'activité, le marché de la construction bois ne s'avère pas si florissant et son avenir commence même à se charger de nuages. Intitulée "Le marché de la construction bois à l'horizon 2021 - Quels leviers et perspectives de croissance dans un contexte de recul des mises en chantiers de logements ?", l'analyse table sur un repli annuel de 1,5% en moyenne du chiffre d'affaires des entreprises tricolores de ce secteur d'ici 2021. Après un rebond marqué entre 2016 et 2018, de l'ordre de 6,3% par an (soit 1,68 milliard d'euros en 2016 et 1,90 Md€ en 2018), le chiffre d'affaires atteindrait ainsi 1,81 Md€ à cette échéance, et ce en raison de plusieurs facteurs : la suppression du PTZ (prêt à taux zéro) dans les zones non-tendues, la raréfaction du foncier à proximité des métropoles et l'obtention de plus en plus difficile des permis de construire à l'approche des élections municipales de 2020.
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"Le dynamisme du segment des travaux d'extension-surélévation permettra cependant de compenser le recul de l'activité dans la construction neuve"
"Le dynamisme du segment des travaux d'extension-surélévation permettra cependant de compenser le recul de l'activité dans la construction neuve", nuancent les analystes de Xerfi. "Les opérateurs souffriront en outre toujours de leur manque de compétitivité prix vis-à-vis des spécialistes du béton." Et le secteur ne peut pas espérer se reporter sur d'autres segments : le déclin des exploitations agricoles et les difficultés économiques rencontrées par les agriculteurs risquent de paralyser les constructions de bâtiments agricoles en bois. "Les perspectives seront en revanche meilleures du côté des mises en chantiers de locaux industriels ou des immeubles tertiaires. Toutefois, ces bâtiments ne représentent encore qu'un débouché mineur pour les spécialistes du bois", détaille l'étude de Xerfi.
Pas grand-chose à espérer non plus de la future Réglementation environnementale 2020 (RE2020), laquelle prévoit pourtant un plafonnement de l'empreinte carbone des bâtiments neufs : selon les prévisions, son impact sera "mitigé", dans la mesure où son application ne débouchera pas nécessairement sur une augmentation conséquente des constructions bois, mais devrait se cantonner à encourager les entreprises à recourir davantage au bois dans leurs chantiers. In fine, la RE2020 bénéficiera principalement aux exploitants forestiers et aux acteurs "de la première et de la deuxième transformation du bois (scieurs, fabricants de panneaux...)".
Les entreprises doivent élargir leurs débouchés, gagner en productivité mais aussi en compétitivité
Dans ces conditions, sur quels atouts peuvent se baser les acteurs de la construction bois pour dégager leur horizon ? Rappelant que cette dernière, qui ne représente que 10% des maisons individuelles, demeure "un marché de niche", les analystes de Xerfi affirment que les entreprises doivent élargir leurs débouchés, gagner en productivité mais aussi en compétitivité. Pour y parvenir, l'industrialisation des processus semble une piste intéressante : l'étude cite notamment le groupe Burger, qui a "développé des maisons presque entièrement préfabriquées". Niveau tarifs, les offres des constructeurs doivent être élargies de manière à se positionner sur les segments d'entrée et de milieu de gamme, "où la demande est la plus forte". La société Ghara, par exemple, propose des maisons en kit à cette fin. D'autres entreprises ont fait le choix du logement collectif, par le biais notamment du concours de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) intitulé "Immeubles à vivre bois".
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S'implanter sur de nouveaux territoires constitue un autre axe de développement des constructeurs bois. Pour ce faire, ces derniers tentent d'agrandir leurs réseaux d'agences, comme dans les régions Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Île-de-France. Les opérateurs envisagent également d'employer des matériaux mixtes afin de dépasser les limites techniques propres à la ressource bois, et conquérir ainsi de nouveaux marchés, à l'instar des bâtiments de grande hauteur. "La course aux économies d'échelle passe également par la consolidation d'un marché qui se compose de plus de 2.000 entreprises, artisanales pour la plupart et dont le champ d'action reste local", notent les analystes de Xerfi, allant jusqu'à parler d'un marché "atomisé". "A force de rapprochements et d'opérations de croissance externe, plusieurs d'entre elles, comme Maître Cube, Mathis ou Cruard (Lefèvre Développement) ont ainsi constitué des ensembles capables d'intervenir sur des projets d'envergure", ajoute l'étude.
Enfin, les technologies numériques telles que le BIM permettent aussi aux constructeurs bois de réaliser des structures hors site et de mieux synchroniser leurs interventions avec celles des autres corps de métiers. A ce sujet, Xerfi cite l'exemple de la construction d'un immeuble bois-béton baptisé Pulse à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis : ce projet porté par Icade et Vinci a résulté de la fusion de plus de 90 maquettes différentes grâce au BIM. Ceci dit, d'autres technologies sont de plus en plus utilisées par les entreprises du secteur : Trécobat a, pour sa part, "développé une offre de maisons connectées". Dans les agences, les équipes de promoteurs et de constructeurs de maisons individuelles proposent par ailleurs aux potentiels clients d'utiliser un casque de réalité virtuelle pour mieux appréhender le rendu du projet.