Alcool, cannabis, cocaïne et champignons hallucinogènes sont davantage consommés dans le secteur de la construction, d'après le dernier baromètre santé de l'Inpes consacré à la consommation de substances psychoactives en milieu professionnel. Explications.

L'Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé (Inpes) a mené une grande étude consacrée aux consommations de substances psychoactives en milieu professionnel : entre octobre 2009 et juillet 2010, plus de 27 650 personnes, âgées de 18 à 85 ans, ont été interrogées. Il ressort de ce « Baromètre santé » que certains secteurs professionnels présentent une part plus importante d'usagers de substances. Le secteur de la construction serait particulièrement touché.

 

La consommation d'alcool, en tout premier lieu, serait particulièrement fréquente dans le secteur du bâtiment : 13,4 % des employés de la construction en consommeraient de façon quotidienne, contre 7,7 % pour l'ensemble des actifs. La consommation ponctuellement importante (au moins six verres en une seule occasion au moins une fois par mois) serait également supérieure à la moyenne dans ce secteur : 32,7 % contre 19,2 % pour l'ensemble des actifs. Du côté de la consommation de cannabis, elle y serait aussi plus fréquente (13 % de consommateurs dans l'année contre 6,9 % parmi l'ensemble des actifs). Pire, le secteur de la construction serait un milieu d'expérimentation de la cocaïne (5,6 % l'ont déjà testé contre 3,8 % en moyenne) et de champignons hallucinogènes.

 

Le bâtiment serait donc particulièrement touché, tout comme l'agriculture-pêche, l'hébergement-restauration et le monde du spectacle. Toutefois, cette segmentation par milieu professionnel serait faussée en raison du « caractère fortement sexué de certains d'entre eux ». Ainsi, le secteur de la construction compte 90 % d'hommes tandis que celui de la santé et de l'action-sociale compte 83 % de femmes et il existe des différences de consommation des substances suivant le genre. De fait, la surconsommation des hommes exerçant dans la construction (alcool, cannabis, autres drogues) n'aurait pas été retrouvée chez les femmes exerçant les mêmes métiers.

 

Campagnes de prévention
Sur l'ensemble de l'échantillon, plus du tiers des fumeurs réguliers, près de 10 % des consommateurs d'alcool et environ 13 % des consommateurs de cannabis déclarent avoir augmenté leur consommation à cause de problèmes liés au travail ou à la situation professionnelle. Mais l'addiction serait encore plus marquée chez les chômeurs que chez les actifs. Enfin, la consommation d'alcool sur le lieu de travail (en dehors des repas et d'éventuels « pots » entre collègues) concerne 16,4 % des actifs (19 % d'hommes et 10 % de femmes). L'enquête modère toutefois le propos en précisant que l'activité professionnelle restait « globalement un facteur de protection des conduites addictives ».

 

Le milieu professionnel se préoccupe déjà de ces chiffres inquiétants. Depuis septembre 2007, par exemple, Sacer (travaux routiers) a rajouté à sa campagne sur les addictions, l'intervention d'un consultant privé au profil particulier : un ancien toxicomane ayant fait de la prison. « Un intervenant crédible, au discours très direct », selon le responsable Formation & Sécurité de Sacer à l'époque. La société, qui parlait déjà d'alcool et de drogues à ses salariés montait jusqu'alors des actions avec l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) et avec la Sécurité Routière. « Mais les retours étaient moins crédibles », précisait le responsable.

 

En 2011, la Fondation du BTP prenait le sujet à bras le corps, et s'adressait aux jeunes s'apprêtant à se lancer dans la vie active en initiant un serious game sur les risques liés aux addictions intitulé "Premiers combats". Une initiative originale et responsable, saluée par le trophée de la créativité Construcom-Fimbacte 2011.

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