CONJONCTURE. Les entreprises de la construction métallique connaissent une activité soutenue, bien meilleure qu'en 2019. La tendance aurait pu se poursuivre, mais le contexte rend les perspectives incertaines. En cause : une possible pénurie en acier, avec des prix encore à la hausse en raison du contexte mondial, s'ajoutant à un manque de main d'œuvre.

C'est une belle reprise qu'ont connue les quelque 800 entreprises, principalement des PME et ETI familiales, réunies au sein du Syndicat de la construction métallique de France (SCMF). L'activité en 2021 a été très soutenue, dépassant même son niveau de 2019, année de référence utilisée, de 8%.

 

Ce sont près de 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires qui ont été réalisés, représentant 780.000 tonnes mises en œuvre. Cette bonne dynamique reste portée par les bâtiments industriels et de stockage (61% de l'activité). Les bâtiments agricoles et silos représentent un autre "secteur qui compte" mais arrivent bien loin derrière (13% environ), suivis de près par les ouvrages type gares, arena ou parking (un peu moins de 13%) sur le podium.

 

Des incertitudes malgré une demande forte

 

Les carnets de commande sont hauts, représentant plus de 6 mois d'activité pour la filière, "preuve d'une activité et d'une demande très fortes", explique Roger Briand, président du SCMF lors d'une conférence de presse le 17 mars 2022. Les carnets du marché intérieur progressant même de près de 13% sur un an. "2022 aurait pu suivre la tendance favorable de 2021", poursuit-il.

 

"Aurait pu ?" Oui, le conditionnel est nécessaire, appuyant sur les incertitudes pesant sur la profession qui s'estime dans "une situation très préoccupante", selon son président. Deux raisons principales expliquent ces inquiétudes.

 

+142% en 15 mois

 

L'une relève de la hausse des prix des matières premières et des difficultés d'approvisionnement. En 15 mois, le prix de l'acier a déjà grimpé de 142%, souligne Roger Briand. La crise sanitaire avait entraîné une première augmentation, fin 2020, avec un prix moyen atteignant les 700 euros/tonne. "Aujourd'hui, il est de 1.700 euros la tonne !", complète-t-il, évoquant un impact de 35% sur le prix de revient des entreprises.

 

Le mouvement à la hausse risque bien de se poursuivre dans un contexte de guerre en Ukraine. Alors même que les augmentations de l'acier et des prix de l'énergie déjà enregistrées jusque-là n'ont pas pu être répercutées en totalité, le président de l'organisation professionnelle s'inquiète de l'impact sur les marges des entreprises qu'il représente. Tout en anticipant une progression de 2 à 3% de l'activité au premier semestre 2022.

 

 

20.000 emplois sur cinq ans

 

Autre souci majeur, traversant de nombreuses professions et notamment dans la BTP : le manque de main d'œuvre. Roger Briand évalue les besoins en recrutement à 20.000 emplois sur cinq ans dans la construction métallique, insistant sur les efforts fournis par la profession : "nous développons des formations en interne, créons des écoles de production, mais ce n'est pas suffisant. Je lance un appel aux régions pour leur faire part de notre situation et découvrir nos métiers."

 

Et d'ajouter : "nous investissons en moyenne 10% de notre chiffre d'affaires, notamment dans des machines à commandes numériques, qui permettent de gommer en partie notre manque de main d'œuvre". Celui qui préfèrerait "éviter de faire appel à une main d'œuvre étrangère ou à la fabrication détachée" vante pour tenter de convaincre la qualité des équipements des entreprises, les projets "valorisants" qu'elles mènent, et les emplois "non délocalisables" qu'elles proposent. Des arguments qui seront sans doute mis en avant dans la campagne de communication sur les métiers et le recrutement que prépare le syndicat pour 2022.

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