LOGISTIQUE. En 2018, les matériaux de construction sont restés les principales marchandises transportées par les fleuves français avec 43 % du volume et 34 % des tonnes-kilomètres réalisées sur l'ensemble du réseau des Voies navigables de France.
L'an passé, encore une fois, le secteur de la construction a été le premier utilisateur du mode de transport fluvial en France, avec des chiffres quasi-stables par rapport à 2017 (-0,6 % en tonnage et -0,5 % en tonnes-kilomètre) qui dépassent les 20 millions de tonnes. Le marché du BTP est pourtant resté fortement orienté à la hausse (+10,6 %) porté par des grands projets d'infrastructures comme le Grand Paris Express, le Plan de relance autoroutier ou celui de déploiement de la fibre optique sur tout le territoire. Guillaume Dury, le directeur du développement de Voies navigables de France (VNF), indique : "Le mode fluvial est particulièrement adapté au transport des matériaux de construction. En effet, il rend possible un acheminement très économique du fait de la forte massification des flux. Il offre en outre la possibilité d'accéder directement au cœur des agglomérations sans contrainte de congestion et permet une optimisation de l'organisation des chantiers urbains, grâce à la mise en place de stocks flottants. Enfin, il contribue à l'acceptabilité des chantiers en limitant les impacts environnementaux et les nuisances occasionnées par le recours systématique au camion". Une seule barge de capacité unitaire de 2.500 tonnes équivaut en effet à une centaine de poids lourds.
Le Nord et l'Est en manque d'eau dans les fleuves et canaux
Dans le détail, le transport d'agrégats a connu une légère baisse en 2018 (-0,9 % en tonnage, -1,3 % en t-km), "évolution qu'il convient de relativiser du fait des conditions climatiques particulièrement défavorables tout au long de l'année", souligne VNF, qui rappelle que des phénomènes de crue (Seine et Rhône) ou d'étiage (Rhin et Moselle) particulièrement marqués ont impacté la navigation. Les sels de déneigement, qui représentent 3 % des t-km, ont, pour leur part, fortement augmenté (+30 %), "du fait de la hausse des livraisons sur le bassin rhodanien". La filière des minéraux bruts et matériaux de construction a été dynamique sur le bassin Seine-Oise (+4,9 % en tonnes, +1,9 % en t-km), portés par l'Ile-de-France et les chantiers du Grand Paris, y compris l'évacuation des déblais. Sur le bassin Rhône-Saône, la croissance a également été forte (+14,1 % en tonnes, +13,4 % en t-km). La filière spécifique des produits du BTP et des agrégats a connu une hausse plus contrastée (+11,9 % en tonnes mais seulement +0,7 % en t-km) avec "une augmentation de flux courts de sables et graviers concernant des échanges intra-sites". Les autres bassins ont enregistré des reculs, notamment ceux du Rhin et de la Moselle, "fortement pénalisés par des basses eaux". Le transport des agrégats a été très impacté (-16,8 % en tonnes, -14,7 en t-km). Sur le réseau Nord, là aussi, cette activité spécifique a diminué (-13 % en t-km), "principalement en raison de la baisse des flux des granulats au départ du port de Dunkerque en direction de la Saine et de la Marne".
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Sur les perspectives du transport fluvial, Guillaume Dury explique : "Le développement des flux de matériaux de construction par voie fluviale devrait continuer à être porté par les grands chantiers - notamment ceux du Grand Paris". VNF estime que ce mode de transport jouera un rôle dans la réussite des projets de travaux, en mettant en œuvre des "solutions logistiques fiables et flexibles". Il apparaît toutefois nécessaire de rénover et d'adapter les infrastructures afin de limiter l'impact des phénomènes exceptionnels sur les capacités de navigation.