TROPHEE - Les lauréats du 12e Concours Photo AQC ont été révélés : six prix ont été attribués par le jury sur quinze photo retenues. Les désordres photographiés montrent une grande variété, "très évocateurs des pathologies qui atteignent encore les bâtiments". Tour d'horizon de ces vilains défauts transformés en jolis clichés.
Maison individuelle, habitat collectif, tour de bureaux ou équipement municipal, personne n'est épargné par les désordres de la construction. Qu'il s'agisse de pathologies fréquentes, liées à l'humidité, ou de cas exceptionnels menant à la ruine de structures, toutes les problématiques ont été capturées par les photographes qui ont participé au 12e Concours Photo de l'Agence Qualité Construction (AQC). Philippe Estingoy, le directeur général de l'agence, explique que certains désordres deviennent plus courants : "Les revêtements de sol se dégradent, surtout dans le cas de soulèvement de dallages, et les défauts d'isolation se font plus nombreux. Nous avons fait un zoom sur le photovoltaïque et cette polémique ne devrait pas avoir lieu : il est clair que les installations intégrées en toiture sont plus pathogènes que le surimposé". Le spécialiste des pathologies du bâtiment note également l'apparition de phénomènes nouveaux, telles les casses thermiques de vitrages.
Afin d'illustrer cette variété des problèmes rencontrés par les constructions, qu'elles soient neuves ou anciennes, un concours rassemble chaque année des centaines de photographies pris par des acteurs du bâtiment (experts, ingénieurs, architectes, maîtres d'œuvre). Un jury, composé de professionnels et d'un photographe, jugent de la qualité picturale des clichés mais également de l'intérêt technique de l'événement (quelques fois imminentes). De quoi alerter les acteurs du BTP sur les pratiques à éviter et sur les points à vérifier en proposant ces vues acérées et pertinentes. Un constat également valable pour les étudiants d'école d'architecture ou d'ingénieur, pour qui le concours photographique "est l'occasion d'échanger et d'analyser à titre personnel ou dans le cadre d'un projet tutoré, ce qu'ils observent sur les différentes constructions". Tous partagent cependant une même ambition : capturer l'esthétique du désordre.
L'ensemble des 250 candidats ayant participé au concours recevront deux numéros de la revue Qualité Construction, éditée par l'Agence, tandis que les gagnants étaient invités à recevoir leur prix lors du 19e Rendez-vous de l'AQC qui s'est tenu ce 8 juin, à Paris. Les lauréats ont été récompensés de cartes cadeau d'une valeur de 1.000 € (catégorie générale) à 250 € (catégorie étudiant). Les photos ont notamment été exposées sur place et sont désormais accessibles en ligne sur le nouveau site Web de l'agence.
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Découvrez l'étendue de leur talent (et celle des désordres) en images dans les pages suivantes
Catégorie générale : 1er prix
Eric Nicolas (expert Saretec au Mans) pour son impressionnant "soulèvement de dallage dû à la présence de résidus de hauts fourneaux dans les remblais".
Catégorie générale : 2e prix
Vincent Dubos (ingénieur construction durable à Marseille) pour son cliché sobrement annoté : "Une réflexion en amont aurait évité cette situation porteuse de désordres structurel et acoustique…".
Catégorie générale : prix spécial
Emmanuel Lenfant (expert Saretec dans la Somme) et son fameux "imbroglio de nourrices et compteurs en l'absence de plan de chantier".
Catégorie étudiant : 1er prix
Svetlana Prominskaïa (élève de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Nancy) pour la photographie d'un bâtiment du CROUS montrant des "épaufrures régulières sur une poutre en béton, les armatures étant insuffisamment enrobées".
Catégorie étudiant : 2e prix
Antoine Perrin (université de Limoges) a capturé l'effondrement d'un mur en pisé suite à la pose d'un enduit de façade qui a "modifié l'équilibre hydrique" et entraîné sa ruine.
Catégorie étudiant : prix spécial
Aurélie-May Lupinsky (élève à l'ENTPE de Vaulx-en-Velin) qui montre "l'intégration architecturale peu réussie avec de nombreuses pathologies potentielles" d'un système de ventilation.
Aménagements intérieurs
Alexis Grod : "La lecture des plans n'était pas simple et les ouvriers n'ont pas pensé à réfléchir…"
Aménagements intérieurs
Jean-Marc Renou : "Une fuite d'eau a permis de tester l'élasticité du plafond tendu".
Enveloppe toiture
Alain Langlais : "Défaut de conception que le BIM aurait pu signaler".
Enveloppe toiture
Claudine Marchadour : "Concrétion calcite".
Enveloppe-toiture
Geoffrey Loichot : "Méconnaissance des produits : l'enduit ciment n'est pas adapté à ce mur ancien".
Enveloppe-toiture
Thierry Royer : "Mise en œuvre fantaisiste d'une gouttière et de sa descente".
Equipements techniques
Albert Lalauze : "Une forte réduction porteuse de soucis".
Equipements techniques
Emmanuel Lenfant : "Apparition de moisissures dans une maison RT 2012, suite à une fuite d'eau".
Structure-infrastructure
Mickaël Haristouy : "Défaut d'entretien qui génère une pathologie au droit des ancrages des poutres en console".
Structure-infrastructure
Olivier Gloux : "Le réemploi c'est possible, mais il faut faire les calculs. Rupture d'une poutre ex-poteau EDF".
Structure-infrastructure
Jean-Marc Renou : "Dimensionnement inadapté d'une charpente en lamellé collé".
Structure-infrastructure
Syvlie Siegel : "Perte des capacités mécaniques d'une poutre après une découpe pour poser un écran".