AMENAGEMENT. Dénouement heureux pour l'Ile Seguin : le 29 novembre, la ville de Boulogne-Billancourt et plusieurs associations de défense de l'environnement et de riverains sont parvenus à s'accorder sur l'aménagement de l'Ile Seguin, après 9 ans de blocages.

Après 14 ans de projets avortés, 4 plans locaux d'urbanisme et 9 années de recours, le devenir de l'Ile Seguin sera joyeux, ou conviendra, du moins, à la majorité des parties prenantes. Après un an de médiation juridictionnelle diligentée par le président du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise Gilles Hermitte, les grands fondements de l'aménagement de l'Ile Seguin ont été actés.

 

La ville de Boulogne-Billancourt et les associations AEBB, Boulogne environnement, Val de Seine vert et Vivre à Meudon ont signé un protocole d'accord qui garantira "la vocation à la fois culturelle et tertiaire de l'île", la création d'un jardin public d'une superficie de 15 000 mètres carrés, le dégagement des "vues sur et depuis les coteaux de Meudon", ou encore la stricte limitation de la circulation automobile "aux parkings souterrains", faisant la part belle aux transports en commun et mobilités douces.

 

Un seul immeuble de grande hauteur

 

Ces grands principes qui permettront la rédaction du 5e Plan local d'urbanisme (présenté le 19 décembre prochain en conseil territorial de Grand Paris Seine Ouest) sont les gages espérés par les associations qui ont attaqué de précédents PLU. "Nous avons désormais stabilisé notre Plan local d'urbanisme, en réduisant nettement les risques de recours, ce qui permettra de déposer les permis de construire", développe Gauthier Mougin, maire-adjoint en charge de l'aménagement urbain, interrogé par Batiactu.

 

Surtout, il s'agit pour les futurs porteurs de projets sur l'île de prendre connaissance des principes auxquels ils ne pourront pas déroger. A commencer par la densité totale de la zone insulaire qui ne devra excéder les 230 000 m² ou l'interdiction de construire des immeubles de grande hauteur à l'exception d'un "bâtiment unique de grande hauteur dont l'implantation et l'architecture devront limiter l'impact visuel", précise la municipalité boulonnaise. Cette dernière prescription s'adresse à Vivendi, qui doit installer son campus numérique dans la partie centrale de l'Ile Seguin. "Il appartient désormais à Vivendi de retravailler son projet afin de le rendre compatible avec l'accord, mais c'est une compatibilité à la marge car il ne s'agit que de hauteur, de percées et d'aménagement urbain", ajoute-t-il.

 

Ainsi, la première esquisse du schéma d'orientation d'aménagement et de programmation de l'Ile Seguin prévoit d'aménager le jardin sur le côté ouest de la Seine, faisant face à Meudon. Des esplanades ouvertes sur le paysage assureront une continuité piétonne aux ponts qui relient l'île à Sèvres et Boulogne-Billancourt. L'unique tour sera quant à elle à proximité de la Seine musicale, sur la pointe aval de l'Ile Seguin.

 

"Cet accord, le premier issu d'une médiation juridictionnelle, permet d'escompter, à présent, le développement rapide des programmes de construction", plaide la ville de Boulogne-Billancourt. Dès 2019, le groupe Emergie entamera la construction d'un pôle culturel, artistique et hôtelier à l'opposé de la Seine musicale, conçu par RCR Arquitectes, lauréats du Pritzker 2017 et le paysagiste de renom Michel Desvigne. Le campus numérique Vivendi doté de restaurants, commerces ainsi qu'une piscine, devra néanmoins abandonner son projet de salle de sport, qui ne sera pas compris dans le nouveau PLU.

 

Faux départs en série

 

Après le début, en 2004, de la démolition des usines Renault qui ont fait la gloire de l'Ile Seguin, la zone insulaire a vu défiler les projets avortés de milliardaires et les croquis retoqués de « starchitectes ». L'ancien site de Renault suscite d'abord les convoitises de la fortune bretonne François Pinault qui, en 2000, dévoile son intention d'y installer sa fondation. Mais les premiers recours au PLU déposés en 2004 démotivent le milliardaire qui jettera son dévolu sur le Palazzio Grassi à Venise, pour y exposer sa collection d'art contemporain.

 

Le départ de Pinault est rapidement comblé par le projet de « ville artistique » prônée par Yves Bouvier, milliardaire suisse à l'initiative du projet « R4 » dessiné par Jean Nouvel. Inculpé par la justice monégasque pour des faits d'escroquerie, il finira par revendre son projet à Emerige. Le groupe immobilier préfèrera effacer le coup de crayon de Jean Nouvel pour désigner un nouveau groupement. L'architecte, également en charge du schéma d'aménagement de l'Ile Seguin, a dû abandonner ce projet peu avant la médiation juridictionnelle, "nous repartions de zéro, et ne pouvions faire une médiation sur un projet qui n'était pas consensuel, ce que Jean Nouvel a très bien compris", rappelle Gauthier Mougin.

 

 

 

 

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