SANTE. Le syndicat de salariés demande à trouver un accord-cadre national pour garantir la sécurité et la santé des travailleurs sur les chantiers en cas de fortes chaleurs. La CFDT propose des mesures qu'elle juge "de santé publique", mais dit se heurter au silence de certaines organisations patronales.

La canicule du mois de juin 2022 a rappelé à la France l'accroissement des effets du réchauffement climatique. Les fortes chaleurs ont gagné l'Hexagone à une saison avancée, faisant suffoquer certains de ses ouvriers. À cette occasion, la FNCB-CFDT (Fédération nationale des salariés de la construction et du bois, antenne de la Confédération française démocratique du travail) a lancé sa campagne "fortes chaleurs et canicule" pour informer, prévenir et sensibiliser les salariés et les employeurs du BTP aux effets du soleil sur l'organisme.

 

Chaque année, assure la CFDT, une dizaine de décès sont à déplorer chez des travailleurs du BTP, en France, en raison des fortes chaleurs. Les conditions durant ces périodes sont difficiles et les risques multiples. Brûlures dermatologiques ou ophtalmiques, accélération du rythme cardiaque, déshydratation, allergies solaires, insolations ou encore cancers cutanés sur le long terme peuvent survenir.

 

Un risque accru en cas d'humidité

 

Pour protéger les ouvriers, la prévention est de rigueur. Le guide de la CFDT Construction et bois - disponible ici - liste une série d'actions à mettre en place dans le cas où un ouvrier se sentirait affaibli à la suite d'un coup de chaleur. Le risque est notamment plus élevé lorsque les températures atteignent les 32 degrés Celsius sous abris, et s'aggrave si l'atmosphère est chargée d'humidité. "Le risque est connu par toute la profession mais il faut toutefois une volonté politique pour davantage protéger les travailleurs", juge Pascal Barbey, secrétaire national de la CFDT Construction et bois, contacté par Batiactu.

 

Prenant l'exemple de la canicule qui a sévi récemment, il affirme qu'"il y a très peu de prises de conscience de la part des entreprises, même lorsque les températures étaient élevées, pour instaurer la mise en place de l'alerte 'intempérie' ou aménager les postes". Il regrette de constater que les sociétés attendent souvent que l'épisode météorologique se déclenche pour "agir dans l'urgence". D'après lui, il n'existerait pas de cadre clair sur les conditions de travail des salariés dès que la température à l'ombre atteint les 30 degrés Celsius.

 

Quelques solutions de la FNCB-CFDT pour se prémunir du soleil :

 

- De l'eau fraîche en quantité suffisante, avoir accès à au moins cinq litres par jour
- De la crème solaire
- Des vêtements adaptés et aérés qui couvrent les parties exposées du corps
- Des locaux de chantier climatisés
- Des horaires de travail aménagés pour éviter de travailler aux heures les plus chaudes
- Une surveillance médicale renforcée sur le plan dermatologique

 

Reconnaître les fortes chaleurs comme un critère de pénibilité

 

Avec le réchauffement climatique, les scientifiques soutiennent que les étés seront plus chauds et que les épisodes de fortes chaleurs dureront plus longtemps. "Aménager les horaires de travail, c'est protéger la santé des salariés mais aussi éviter que ces derniers se mettent en arrêt de travail par la suite", estime-t-il.

 

L'organisation qu'il représente souhaite que la question des fortes chaleurs devienne un sujet récurrent, qui pousse les chambres patronales à se réunir pour trouver des solutions. A l'instar de l'Allemagne, où il est recommandé d'aménager les horaires de travail voire de les réduire lors d'épisodes caniculaires.

 

"Nous soutenons cette initiative et souhaitons que la chaleur soit reconnue comme un critère de pénibilité. C'est un enjeu de santé publique", assure le secrétaire général de la CFDT construction et bois. "Il est fort difficile de travailler en plein soleil, avec des équipements lourds. L'attention n'est pas la même, on devient moins précis dans ses gestes. Le corps se déshydrate."

 

 

 

Un accord national demandé

 

Face à ces enjeux, le syndicat considère que le sujet de l'aménagement des postes et des conditions de travail doit être discuté avec les branches du BTP, afin que des arrangements soient mis en place dès que les 30 degrés Celsius à l'ombre sont dépassés. S'appuyant sur le Code du travail, qui définit l'intempérie comme des conditions climatiques qui "rendent dangereux ou impossible l'accomplissement du travail eu égard soit à la santé ou à la sécurité des salariés, soit à la nature ou à la technique du travail à accomplir", le syndicat "constate avec amertume qu'une partie de cette définition est trop souvent oubliée au détriment de la santé et des conditions de travail des salariés".

 

C'est pourquoi il exige la mise en place de certaines mesures, dont celle de reconnaître, par un accord de branche, les fortes chaleurs et la canicule, et de définir avec les partenaires sociaux une température à laquelle cette reconnaissance serait établie. "C'est déjà le cas en hiver, avec la prise en charge de la part des caisses intempéries du Bâtiment et des Travaux publics", indique Pascal Barbey. "Le sujet des risques rencontrés lors des fortes chaleurs doit être discuté en amont, au printemps", estime le porte-parole. "Tant que ce n'est pas normé, cela peut laisser place aux dérives."

 

Il avance que le syndicat porte ce sujet depuis des années et a notamment contacté plusieurs fois les chambres patronales (la Fédération française du bâtiment (FFB), la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb)), en vain, précise-t-il. Si la FFB et la Capeb n'ont pas souhaité s'exprimer pour le moment sur ce sujet auprès de Batiactu, la FNTP a répondu favorablement à notre demande. "En complément des mesures de prévention à mettre en place sur les chantiers dans le cadre des canicules, la FNTP est favorable à une ouverture du chômage intempéries pour canicule, au même titre que les autres intempéries. Aujourd'hui, les dossiers canicules sont indemnisés au cas par cas dans des conditions trop restrictives. Une lettre ministérielle liste les intempéries (gel, verglas, neige, inondation…) mais exclut la canicule", déclare la fédération.

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