Les candidats à la présidentielle étaient invités, le 29 mars dernier, à défendre leurs propositions lors du Grand O' du notariat. Maître Antoine Dejoie revient sur ces rencontres.

Le 29 mars dernier, six candidats ou leur représentant avaient rendez-vous au siège du Conseil supérieur du notariat pour passer "le grand O' du notariat". Même règle pour tous. Ils avaient 30 minutes au total pour présenter leur programme en lien avec l'activité notariale, répondre à trois questions identiques et à trois questions posées par la salle. Les questions imposées portaient sur l'accès au logement, la dépendance et la vision du droit français dans le monde.

 

"C'est une belle réussite", se réjouit Maître Antoine Dejoie, vice-président du CSN. Deux candidats étaient présents : François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan. Emmanuel Macron, Benoit Hamon, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon avaient envoyé leur représentant. "Globalement, ils ont reçu un bon accueil", nous confie Maître Dejoie ajoutant que les candidats ont "une certaine prime" car ils ont "une parole plus déterminante". Pour autant, il explique que l'assemblée a été marquée par la manière et la qualité des propos des représentants.

 

Jean-Luc Mélenchon : une vision en faveur des plus défavorisés

 

Jean-Luc Mélenchon était représenté par Bernard Feraud. Ce dernier a eu des positions marquées sur la Ve République, sur le droit au logement et sur une vision en faveur des plus défavorisés, résume Maître Dejoie.

 

Marine Le Pen : plus de construction de logements

 

Gilles Lebreton a, quant à lui, représenté Marine Le Pen. Le Vice-Président du CSN donne les grandes lignes de cette intervention : "Monsieur Lebreton a montré un intérêt pour une France forte et une volonté forte de construire de nombreux logements par an". Il a mis également en avant l'intérêt de la candidate frontiste pour la défense du droit français. "Sa vision est celle d'une France divisée en deux. D'un côté, les grandes métropoles économiquement fortes, de l'autre une France en périphérie qui est en souffrance". L'assemblée a également retenue que le représentant de Marine Le Pen souhaitait maintenir les autorités indépendantes et notamment celle du défenseur des droits.

 

Emmanuel Macron : assouplir les normes de construction

 

C'était ensuite au tour du représentant d'Emmanuel Macron. Une personnalité connue des notaires puisqu'il avait travaillé à la réforme sur la transmission des entreprises lorsqu'il était ministre de Jacques Chirac. Renaud Dutreil est "quelqu'un qui a de l'expérience", souligne Maître Dejoie. L'ancien ministre a insisté sur le fait que les Etats-Unis est un pays où le prix est maître et que ce n'est pas forcément une bonne chose, relate le vice-président du CSN. Le représentant de "En Marche !" a défendu une politique économique européenne qu'il juge courageuse. Il a par ailleurs regretté que l'offre immobilière ne soit pas assez adaptée à la mobilité et propose donc plus de souplesse pour l'achat et la location. Il souhaite aussi un assouplissement des normes de construction.

 

Nicolas Dupont-Aignan : pour une "France des propriétaires"

 

Premier candidat à se présenter en personne devant les acteurs du notariat : Nicolas Dupont-Aignan qui "a tenu des propos de qualité et de conviction", souligne Maître Dejoie. Le candidat de Débout de la France s'est prononcé pour "une France des propriétaires" et pour une participation de l'Etat dans les entreprises et des fiscalités qui permettent de conserver l'investissement en France. Le Vice-Président a aussi retenu les propos de Nicolas Dupont-Aignan sur l'estime de soi. "Il a souligné l'importance d'être fier de nous-mêmes ajoutant que sans fierté on ne se projette pas dans l'avenir", explique Maître Dejoie.

 

Benoît Hamon : création d'une loi de programmation fiscale

 

 

La représentante de Benoît Hamon est, quant à elle, arrivée "relativement tendue", rapporte-t-il. Et pour cause, Cécile Untermaier est parlementaire et a notamment travaillé sur le projet de la loi de croissance pour l'activité. Un texte qui avait suscité de vives réactions chez les notaires. "Nous avons eu des rapports délicats dans le passé", reconnaît Maître Dejoie qui retient sa proposition sur une loi de programmation fiscale. Un projet de concertation qui s'inscrirait dans la durée.

 

François Fillon : replacer les officines sous l'autorité de la chancellerie


Enfin, dernière personnalité à se présenter pour le Grand O' du notariat : François Fillon. Le candidat a rappelé que les notaires étaient des garants de la sécurité juridique en qui on peut avoir confiance et qu'ils étaient appréciés des administrés. Le candidat de Les Républicains a dit souhaiter que les officines retournent sous l'autorité de la chancellerie et envisage d'abroger une partie de la loi pour la croissance et l'activité. Concernant le logement, il considère qu'il y a trop d'interventions sur les projets et propose donc de diminuer le nombre d'intervention publique.

 

En conclusion, Maître Dejoie souligne que "d'une manière générale les questions étaient tournées vers les Français" et que ces grands oraux ont apporté "une vision élargie des attentes de la société".

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