MÉTIER. Pour faire face à une pénurie de main d'œuvre, plusieurs stratégies ont été évoquées par des représentants du secteur au salon Batimat, à Paris. Le BTP pourrait voir ses besoins en collaborateurs exploser ces prochaines années.
Accélération numérique, crise énergétique, transition environnementale… Le secteur du bâtiment et de la construction doit relever de nombreux défis et adapter ses compétences. La thématique a même fait l'objet d'une conférence au salon Batimat, à la Porte de Versailles (Paris), le 4 octobre 2022. "Nouvelles technologies, nouveaux matériaux… ils ont tous pour objectif de rendre le logement plus sobre, plus performant et plus adapté aux vies de nos concitoyens", décrypte Carine Seiler. La haut-commissaire aux compétences avance que les différentes crises que traverse la France vont impacter la transformation des savoir-faire. "Il faut attirer des jeunes mais aussi des moins jeunes et les fidéliser", estime-t-elle. Pour cela, il faut travailler sur l'évolution des compétences les plus élémentaires jusqu'à celles liées au numérique et au relationnel. "Gestion d'équipe, apprentissage du Bim, ce sont des aptitudes qu'il faut désormais ajouter à son panel d'expertise de façon plus réactive."
Attirer des femmes et des jeunes...
Le BTP est, de plus, confronté à une pénurie de main-d'œuvre, mais devrait voir le taux de personnes embauchées bientôt remonter. "Nous allons créer un million d'emplois supplémentaires en France d'ici 2030", estime Jean-Christophe Sciberras, PDG et co-fondateur de Newbridges. Il s'appuie sur le rapport des "métiers en 2030" de la Dares (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques). "Parmi ce million d'emplois, 200.000 concerneront le secteur de la construction. C'est un événement qui marque un retournement de la tendance qui voulait que, jusqu'en 2017, les emplois baissaient dans le BTP." Aussi, 100.000 jeunes devraient rejoindre le bâtiment, continue-t-il. "Si on veut les attirer dans nos métiers, il faut réfléchir à d'autres méthodes de management pour ne pas qu'ils partent vers d'autres secteurs."
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Pour Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), l'avenir de la construction sera constitué "à 80% par des projets en rénovation". Les jeunes qui entreront dans ce secteur connaîtront donc davantage ce type de chantiers. L'enjeu aujourd'hui est de les attirer vers les métiers du bâtiment. "Les familles n'envoient pas les jeunes vers la construction, arguant qu'elle est liée à un contexte de pénibilité et de travail extérieur. Or, d'énormes progrès ont été faits et le personnel est aujourd'hui moins usé." Une affirmation que soutient également Carine Seiler. "C'est sur l'ensemble de la chaîne de la construction que l'on doit donner aux jeunes comme aux moins jeunes l'envie de s'engager dans nos métiers. Nous devons leur montrer que ces emplois sont variés et que l'on peut bien gagner sa vie." Pour cela, elle propose de diversifier les méthodes de recrutement et d'attirer davantage de femmes dans le secteur, en proposant des programmes inclusifs. Dans cette même veine a été créé le dispositif "Bâtir" de l'entreprise Les Clés de l'Atelier. Cette dernière propose une formation pour le public réfugié vivant en France et qui connaît des difficultés dans son intégration (barrière de la langue, logement, santé, connaissance du monde du travail et mobilité). "Les entreprises doivent être plus inclusives pour que tout le monde y gagne. Elles doivent aussi travailler conjointement avec les centres de formation et les pouvoirs publics", conclut Carine Seiler.