Selon le quotidien Les Echos, la Commission européenne envisage de remettre en cause les aides publiques au secteur énergétique, en supprimant les prix d'achat garantis de l'électricité, un système également dans le viseur du président de la République. Le SER estime qu'il faut d'abord relancer le marché des EnR avant tout changement. Explications avec Damien Mathon, délégué général du syndicat.
Le président de la République l'avait annoncé dans son discours inaugural de la Conférence environnementale : "Les tarifs de rachat garantis (du courant électrique) ne permettent pas toujours de réguler au mieux et d'orienter correctement la production et peuvent conduire à un gâchis des deniers publics avec des effets d'aubaine et des comportements spéculatifs". Le chef de l'Etat souhaitait une révision des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables. La Commission européenne serait du même avis, à en croire un article des Echos. Bruxelles remettrait en effet en question les aides publiques au secteur énergétique dans les 28 pays de l'Union. Les prix d'achat garantis seraient particulièrement visés et pourraient même être interdits.
Niveaux et mécanismes de soutien en question
Le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) se trouve donc au premier rang des concernés par cette évolution. "Nous sommes en discussion avec le ministère de l'Ecologie sur ces questions là", nous déclare Damien Mathon, le délégué général du syndicat. "Nous avons aujourd'hui la volonté d'ouvrir une réflexion sur la révision et sur une évolution programmée des mécanismes de soutien, mais sans précipiter les choses". Deux éléments feraient actuellement débat : le niveau de soutien des énergies et le mécanisme de ce soutien. "Sur la question du niveau, nous pensons qu'ils sont bien dimensionnés pour toutes les filières, voire qu'ils sont sous-évalués pour le photovoltaïque où peu de projets se montent. Il n'y a pas de rentes indues par ce niveau de soutien", martèle Damien Mathon. "La rentabilité s'est même dégradée ces dernières années pour l'éolien et le solaire à cause de la hausse des coûts de raccordement ou de la hausse de la fiscalité".
Les surcapacités en cause
Sur les mécanismes, les énergies renouvelables actuellement soutenues sont suspectées de perturber le marché de l'électricité à cause de la priorité à l'injection dont elles disposent. "On leur reproche aujourd'hui un coût lié à une surcapacité de production qui tire les prix vers le bas", poursuit le délégué général du SER. "Si la perturbation est une réalité en Allemagne avec 100 TWh d'EnR, en France elles ne représentent que 20 TWh sur le réseau. Il faut donc anticiper pour que ces énergies cohabitent sereinement". Plusieurs solutions seraient envisagées : l'émission d'un signal de demande au seul moment d'un pic, afin de ne pas engorger le réseau et de mieux corréler production et consommation. La piste des appels d'offres obligatoires serait également envisagée. "C'est une possibilité parmi d'autres, qui est promue par un certain nombre d'acteurs de l'éolien. Mais il n'y aura pas de solution unique car les productions sont très différentes. Le photovoltaïque, par exemple, pourrait être poussé vers l'autoconsommation, alors que l'éolien dont la production est située en zone rurale nécessite un transport plus important", explique Damien Mathon. "Il faut que le soutien monétise les spécificités des EnR et qu'il valorise leurs vertus collectives". Le délégué général évoque un tarif variable, calé sur les prix du marché, agrémenté d'un bonus. Ou le versement d'une prime à la construction de centrales selon leur puissance. "Il n'y a, en tout cas, pas d'urgence et aucune nécessité à aller vite, car les renouvelables ne sont pas sources de perturbations sur le marché français !". Mais la Commission européenne sera-t-elle de cet avis ?