TRANSITION ÉNERGÉTIQUE. Le ministre de l'Économie juge que l'interdiction des chaudières gaz serait "une mauvaise idée" et plaide pour des dispositifs incitatifs. Le locataire de Bercy confirme en revanche l'arrêt, inéluctable mais progressif, de l'avantage fiscal sur le gazole non routier.

Le sujet est visiblement encore loin d'être tranché au sein de l'exécutif. Invité de LCI dans le cadre des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, Bruno Le Maire est revenu sur plusieurs sujets d'actualité, des baisses d'impôts aux perspectives de croissance en passant par la transition écologique et énergétique. Ainsi, pour le ministre de l'Économie, l'interdiction des chaudières gaz ne serait pas la bonne solution pour réduire le recours aux énergies fossiles.

 

 

"Je suis globalement très réservé vis-à-vis des interdictions. J'ai toujours parié sur l'intelligence de nos compatriotes, l'accompagnement et l'incitation", a indiqué le locataire de Bercy, citant les bonus à l'achat de voitures électriques et les crédits d'impôts à l'industrie verte. Alors que l'interdiction des chaudières gaz fait actuellement l'objet d'une concertation, les professionnels du bâtiment ont déjà fait part de leur inquiétude si elle devait se concrétiser.

 

Une crainte partagée par Bruno Le Maire : "Je suis opposé à l'interdiction des chaudières à gaz. Je pense que c'est une mauvaise idée, qu'elle va susciter beaucoup d'inquiétude chez nos compatriotes les plus modestes et qu'on peut obtenir exactement le même résultat avec des dispositifs incitatifs, en changeant la fiscalité (...)" ou en instaurant des pénalités pour les modes de chauffage les plus polluants, a-t-il détaillé.

 

Fiscalité et pénalités

 

L'occasion de faire le lien avec un autre dossier sur la table des pouvoirs publics comme des travaux publics : la suppression de l'avantage fiscal sur le gazole non routier, ou GNR. "Soyons honnêtes, lucides et responsables : vous ne pouvez pas accélérer la transition climatique et garder des avantages fiscaux pour des énergies fossiles, que ce soit le gaz ou le gazole non routier pour nos amis (...) entrepreneurs des travaux publics", a d'abord fait valoir le ministre.

 

Et de confirmer l'idée d'une "trajectoire" de sortie de ce dispositif fiscal, de manière progressive, "en toute transparence" et par le biais d'un soutien dédié. Que ce soit pour le chauffage au gaz ou pour le GNR, Bruno Le Maire veut donc éviter de "l'inquiétude sociale" et soutenir les ménages comme les entreprises pour changer progressivement leurs habitudes.

 

Le projet de loi de Finances 2024, qui sera débattu au Parlement à l'automne, devrait acter dès le 1er janvier prochain la fin des subventions publiques aux énergies fossiles. Mais il n'y aura pas d'arrêt brutal de l'avantage fiscal sur le GNR du jour au lendemain, car sinon "c'est toute la marge de certains entrepreneurs de TP (...) qui va disparaître et qui va [les] tuer". Le locataire de Bercy se dit par conséquent favorable à ce que la transition se fasse "sur trois ou quatre ans, d'ici 2030 (...), palier par palier", avec un accompagnement à l'achat de machines électriques.

 

 

Trajectoire de sortie "palier par palier"

 

S'il veut éviter une politique de "gribouille", le numéro 2 du Gouvernement réaffirme cependant sans détours que des choix devront être faits pour lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité. "Si on veut mettre de l'argent sur la construction des réacteurs nucléaires, les éoliennes 'offshore', l'hydrogène vert, et qu'on est par conséquent une nation totalement décarbonée, plus propre, tout simplement plus vivable, il faut bien que je récupère de l'argent ailleurs", a-t-il prévenu.

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