Dans une interview au Parisien, la ministre du Logement, Christine Boutin, a déclaré qu'il n'y aurait désormais plus d'expulsion sans une solution de remplacement. Une annonce plutôt controversé, alors que s'achève la trêve hivernale ce dimanche 15 mars.

« Un préfet ne mettra plus à exécution un jugement d'expulsion sans proposer un relogement ou un hébergement pour les locataires dans l'impossibilité de payer leur loyer », a déclaré jeudi matin Christine Boutin.
Dans l'après-midi, elle tenait une conférence de presse à Chalon-en-Champagne, où elle précisait son instruction aux préfets leur rappelant l'obligation de mettre en place des commissions de prévention des expulsions. Elle leur demandait aussi de veiller à la mise en place de systèmes d'intermédiation locative (en cas de défaillance du locataire, le loyer est payé par une association) et de prévoir « au moins un hébergement provisoire » en cas d'expulsion locative, relate l'AFP. Autre annonce : elle déclarait vouloir « faire tomber en désuétude la date du 15 mars », qui marque la fin de la trêve hivernale et qui s'accompagne, chaque année, d'une multitude d'expulsions de locataires, le plus souvent pour cause d'impayé, une pratique dénoncée par les associations qui réclament un moratoire définitif.

 

Tous pour la fin de la trêve !
Mais avant même ces dernières déclarations, les réactions des associations sont allées bon train, et ont exprimé leur scepticisme. Ainsi, la confédération nationale du logement (CNL) et le Droit au logement ont jugé la proposition « insuffisante », craignant que ce soit davantage une solution d'hébergement et non un relogement stable. Elles réclament instamment la relance de la construction de logements sociaux, rappelant qu'il y a actuellement 1.5 million de dossiers de demande de HLM. La Fondation Abbé Pierre, de son côté, a estimé les propos de Christine Boutin « généreux, mais peu concrets » compte tenu de la « crise gravissime » du logement social. Avant de conclure que « seul un moratoire différant toute expulsion en 2009 est en mesure d'éviter de nouvelles catastrophes sociales ».

 

Enfin, l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) a simplement qualifié les propos de la ministre « d'effet d'annonce pour prévenir toute manifestation d'associations d'aide au logement à l'approche de la fin de la trêve hivernale ». Jean Perrin a également invité la ministre à prendre des « mesures concrètes » comme « la fin de la trêve hivernale ».

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