AMÉNAGEMENT URBAIN. Le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, a inauguré le 9 mars la première micro-forêt de la ville sur une place jusqu'alors réservée au stationnement automobile, une opération "emblématique" du plan de végétalisation mené par la nouvelle mairie écologiste.
"On n'est pas là depuis longtemps mais on commence à casser le bitume. C'est une plus-value pour tout un quartier, il y a une obligation de créer des îlots de fraîcheur", a expliqué Pierre Hurmic devant la presse après avoir planté le premier chêne d'une nouvelle place végétalisée de 180 mètres carrés au sud de Bordeaux.
"Un espace de 100 mètres carrés de forêt réduit de un degré la température dans les rues adjacentes", a affirmé le maire de la ville, rappelant qu'une "dizaine de micro-forêts" similaires étaient à l'étude à l'échelle de la métropole bordelaise.
Une place rafraîchissante et... fermée au public
Encore en cours de plantation, cette place située dans un quartier résidentiel doit accueillir une micro-forêt très dense constituée de 600 plants forestiers, comprenant 25 espèces d'arbres et une soixantaine d'herbacés différents, pour un coût total de 50.000 euros, selon la mairie. "La plantation est un acte altruiste", explique Christophe Dangles, responsable du service arbre et forêt à Bordeaux métropole. "On plante pour les générations suivantes", poursuit-il, précisant que cette place "imaginée comme un décor" n'était pas vouée à accueillir du public.
Sur place, les riverains accueillent sans véritable enthousiasme ce nouvel aménagement, à l'origine de la suppression de "13 places de parking" selon Cyrille, installé depuis une quinzaine d'années dans le quartier, "pas content" de devoir payer "15 euros par mois pour chercher une place de stationnement" résidentiel. Michel, 69 ans, propriétaire d'une maison donnant sur la future micro-forêt, est "plutôt favorable" au projet mais le retraité regrette une décision politique "sans concertation" pour planter "des chênes qui vont mettre 30 ans à pousser".
"Des décennies de culture de la voiture"
"Il faudra plusieurs dizaines d'années avant d'avoir un arbre adulte", concède Didier Jeanjean, adjoint au maire en charge de la nature en ville, conscient de "changer les habitudes" après des "décennies de culture de la voiture". Cette première micro-forêt est conçue comme la première "déclinaison" de la stratégie de végétalisation de l'espace public portée par Pierre Hurmic, visant à "passer d'une ville très minérale à une ville plus végétale".
Fin 2020, la municipalité avait présenté son plan "Bordeaux grandeur Nature" prévoyant notamment le triplement du budget consacré aux plantations, fixé à 300.000 euros, et la protection d'espaces en friche de la bétonisation.