SANTÉ. L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a décidé de restreindre au seul usage ferroviaire, l'emploi de bois traité à la créosote, ce produit contre les insectes et champignons classé comme cancérogène. Des éléments traités pouvaient jusqu'à présent être utilisés pour des poteaux électriques ou des clôtures.
Les produits biocides à base de créosote sont destinés au traitement préventif du bois contre les agressions d'insectes et de champignons. L'Anses a dernièrement examiné plusieurs demandes d'autorisation de mise sur le marché de trois familles de tels produits, qui présentent des risques pour la santé humaine liée à l'exposition à cette substance. Ce qui l'a amené à recommander d'en restreindre l'usage aux seules traverses de chemin de fer. En effet, seule cette application est conforme, puisqu'elle présente un risque d'exposition très limité pour la population générale et que les conditions d'emploi par les professionnels sont très encadrées (manipulation dans des lieux ventilés, ports d'équipements de protection). En revanche, il n'en allait pas de même pour les autres secteurs où les bois traités à la créosote étaient encore utilisés : poteaux électriques et télécom, clôtures et palissades agricoles, équestres ou routières, ouvrages de renforcement des berges fluviales ou portuaires. Des utilisations qui faisaient courir "un risque inacceptable pour l'environnement" en raison des quantités de produits employées et qui sont donc maintenant prohibées. Il est également recommandé aux particuliers d'éviter tout contact avec les traverses traitées et de ne pas les utiliser pour d'autres usages (aménagement de jardins, voir illustration), ni de les brûler.
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Souhaitant aller plus loin, l'Anses demande également aux opérateurs du réseau ferroviaire de mettre en œuvre un plan de substitution pour que ce traitement dangereux pour la santé et l'environnement soit progressivement éliminé. Le produit, issu de goudrons de houille, est un cancérogène génotoxique capable d'induire et d'accélérer le développement de tumeurs chez l'Homme, qui présente également un caractère reprotoxique avéré. Dans la foulée de cette décision, le ministère de la Transition écologique et solidaire a annoncé qu'un arrêté interdisant l'importation de bois traité à la créosote ainsi que le réemploi de ce matériau. La France espère que cette interdiction sera étendue à toute l'Union : "Le gouvernement saisira la Commission européenne dans les prochains jours pour l'inviter, au regard des évaluations de risques par l'Anses, à généraliser ces dispositions au niveau européen".