La Fédération nationale du bois vient d'écrire au ministre de l'Agriculture afin de le sensibiliser aux problèmes que rencontre la filière actuellement. De l'exportation massive vers l'Asie à l'utilisation de produits phytosanitaires à la toxicité potentielle, le secteur est mobilisé. Explications.
"Il y a de véritables problèmes liés à l'exportation des grumes que l'on souhaite endiguer", Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois (FNB), ne cache pas son désappointement face à une gestion "molle" de la situation.
Le 11 juillet dernier, la FNB alertait déjà sur les risques attachés aux exportations massives de grumes vers l'Asie. Pour contrer ce phénomène, elle réclamait "une reprise en main des services de l'Etat sur les questions phytosanitaires afin de faire cesser le laxisme actuel". Un point sur lequel elle est revenue le 18 juillet dans une lettre adressée au ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
Des pratiques non conformes aux règles PEFC
Dans ce courrier, la fédération dénonce des irrégularités : "Le cahier des charges de PEFC (Pan European Forest Certification - programme de reconnaissance des certifications forestières) est la base de la gestion durable des forêts. Les grumes destinées à l'exportation doivent être traitées, mais certaines sont aspergées avec des produits phytosanitaires en pleine nature. Une pratique souvent non conforme aux règles PEFC", nous explique Nicolas Douzain-Didier. Notamment en cas d'utilisation de cyperméthrine, un produit régulièrement pulvérisé dans ce genre de cas. Pour son usage, plusieurs obligations doivent être respectées : l'application doit être effectuée dans une zone confinée ou sur une surface rendue imperméable avec murets de protection ; le bois fraîchement traité doit être stocké après son traitement sous abri ou sur une surface imperméable ou les deux ; les pertes liées à l'application du produit doivent être récupérées en vue de leur réutilisation ou utilisation. Des pratiques qu'il est difficile de mettre en oeuvre et auxquelles s'ajoutent des mesures de préservation de la biodiversité et de protection des sols et de l'eau, prévues dans la réglementation PEFC. Parmi les solutions proposées, la FNB évoque le remplacement de la cyperméthrine par du fluorure de sulfuryle, mais pour cela, il faudrait construire des enceintes spécifiques et agréées. Un projet que pourrait soumettre les professionnels au ministre.Des mesures pour soutenir la filière
Car la filière compte bien interpeller celui-ci afin qu'il se saisisse des problèmes. La rencontre programmée, ce mercredi 23 juillet, devrait lui permettre d'exposer ses difficultés et les dispositions à envisager. La FNB proposera d'instaurer à "moyen terme une politique de quotas en France et en Europe, par pays et par essence, permettant de réguler les exportations", et d'être plus ferme en matière de suivi et de contrôle PEFC. " Nous ne voulons qu'une seule chose : du bois dans nos scieries", confie Nicolas Douzain-Didier. Et de conclure : "Sinon, il risque d'y avoir des manifestations au mois de septembre".